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l’Humanité
Acte d’accusation contre le traité Mercosur
#Mercosur #UE #liberalisme
Article mis en ligne le 9 novembre 2024
dernière modification le 6 novembre 2024

Il se dit de plus en plus fortement que c’est dans les couloirs de la réunion des pays du G20* les 17 et 18 novembre prochain que nous pourrions assister à une résurrection : celle de l’un des plus vastes pactes de libéralisation du commerce au monde. Le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays constituant le marché commun d’Amérique latine, le Mercosur** (ou Mercosul). Leur regroupement en fait la seconde zone commerciale du monde. Voilà l’objet des convoitises des conglomérats capitaliste européens qui ont sorti leur calculette, élaboré leurs courbes et tableaux prévisionnels de résultats et autres instruments pouvant mesurer les niveaux de profit correspondant au niveau d’extorsion de la plus-value possible du travail en mettant encore plus en concurrence les travailleurs Uruguayen et Français, les ouvriers argentins et luxembourgeois, le grand propriétaire terrien Brésiliens avec le petit paysan du Limousin.

Ne nous trompons pas en effet ! Un traité dit de « libre-échange » n’est pas un accord de coopération. Son objectif est d’accélérer la libre circulation du capital, des marchandises et des services lucratifs.

Les institutions européennes et leurs dirigeants dévoilent ainsi leur vraie nature : À mesure qu’ils restreignent la liberté de circulation des êtres humains avec une pléiade de lois « immigration » et les contrôles aux frontières, ils organisent le dépassement du mur du son, au-dessus de toutes les frontières et de tous les océans pour le capital international portés par des rapaces qui n’ont que faire de la vie des êtres humains et de celle de la nature. (...)

Or, les dogmes glacés de la compétitivité, de la concurrence libre, des courbes de croissance exponentielle, les tableaux des « avantages comparatifs » étouffent toutes discussions et actions visant la production d’humanité.

Tout débat est interdit sur la dette historique, économique, sociale et culturelle à laquelle s’ajoute désormais la dette écologique et climatique que plusieurs pays européens ont creusée envers ces peuples.

Au contraire, il est envisagé d’aggraver cette prédation sous de nouvelles formes, adaptée aux conditions du XXIe siècle, dans le cadre des contradictions de plus en plus destructrices du capitalisme mondialisé et financiarisé. (...)

Aucune inflexion n’est donnée au contenu de ce traité alors que depuis 1999 date du son élaboration, le monde est en proie à de violents spasmes : crise climatique, effondrement de la biodiversité, aggravation des inégalités mondiales, développement de la pauvreté et du chômage en Europe et en Amérique Latine, pandémie, éclatement des bulles spéculatives et financières, guerres.

Autant de défis pour l’humanité à relever ensemble. Or, depuis vingt ans, les négociations se poursuivent comme si de rien n’était, à l’abri des regards et des délibérations des peuples de part et d’autre de l’Atlantique.

L’intérêt général humain aurait pourtant voulu que la Commission européenne et les gouvernements appréhendent les nouveautés de la situation, consulte le Parlement européen, les Parlements nationaux, les syndicats, les organisations non gouvernementales européennes et latino-américaines regroupées en collectif international. Rien de cela. Pour réussir, ils ont besoin d’une totale opacité. (...)

le grand capital européen cherche les voies d’un sursaut dans la guerre économique intracapitaliste. Cela le conduit à réclamer de toutes ses forces « l’ouverture » d’un « marché » de 273 millions d’habitants tout en accélérant le pillage de leurs ressources naturelles. Notons que pour ces gens, 273 millions d’habitants ne sont qu’un « froid marché » avec des sujets-consommateurs. (...)

Rappelons que le Brésil est le plus grand utilisateur de pesticides au monde, devant les États-Unis, avec 809 000 tonnes en 2019. Ceux-ci sont épandus pour cultiver soja, maïs et canne à sucre génétiquement modifiés, réexportés en Europe.

L’Union européenne compte aussi augmenter ses exportations dans le machinisme, les technologies de l’information et de la communication. L’acharnement à réduire les coopérations avec la Chine conduit le capitalisme européen à amplifier l’exploitation des matières premières critiques de la zone latino-américaine, dont le cuivre, le lithium, l’importation d’hydrogène et d’Éthanol produits par des méga fermes industrielles implantées sur les décombres de la déforestation. Et l’augmentation des flux commerciaux générée par un tel accord contribuera à augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES) et donc à intensifier les dérèglements climatiques.

L’incitation à accroître les importations en Europe de produits tels que la viande, l’éthanol, le soja donnera de la vitalité aux grands propriétaires terriens, criminels acteurs de la déforestation en Amazonie, dans le Cerrado ou encore des zones tropicales sèches du Chaco, pour développer une monoculture agricole mortifère pour les sols, la biodiversité et la stabilisation du climat mondial. Pendant ce temps, des millions de petits paysans sont « sans terre ».

Avec une plus forte dépendance des économies des pays du Mercosur aux marchés mondiaux, à partir d’exportations majoritairement portées par des entreprises multinationales étrangères, la rémunération du travail salarié sera toujours plus compressée ici et là-bas, les prix agricoles à la production abaissés, les richesses naturelles et du sous-sol toujours plus pillées. Cette stratégie répond aux demandes du Fonds monétaire international et des fonds financiers qui réclament à ces pays notamment l’Argentine et le Brésil de rembourser la totalité de leurs dettes grossies des colossaux intérêts des dettes. (...)

Notre acte d’accusation contre le libre-échange ne vaut pas profession de foi en faveur d’un quelconque protectionnisme ou d’un droitier souverainisme.

Nous plaidons pour vivifier le débat et l’amplification d’actions avec les travailleurs des deux côtés de l’Atlantique pour ouvrir la voie à des relations nouvelles non plus fondées sur l’exploitation et la domination, mais sur la solidarité et la coopération.

Nous plaidons pour la création de liens de qualité nouvelle, d’échanges équitables, tournant le dos à la dure loi du capital international et de ses tribunaux privés*** et pour la réalisation de projets écologiques et culturels communs.

Nous plaidons pour des partenariats de type nouveau visant des échanges commerciaux équitables, des investissements communs, des transferts de technologie, des partages des connaissances sans droit de propriété intellectuelle pour les firmes transnationales, des partages de cultures, auxquels il convient d’ajouter la reconnaissance des dettes et les réparations liées à la colonisation et des mesures de décolonisation.

Nous plaidons le développement des droits humains, ceux des travailleurs, des populations autochtones, des paysans ainsi que la protection de la biodiversité du climat ​​et le bien-être animal.

Nous plaidons pour un accord contribuant à un processus de changement vers des méthodes de productions soutenables, fondées sur des principes de sécurité humaine globale : sécurité alimentaire et droit à l’alimentation pour toutes et tous, sécurité sociale et l’accès aux soins garantis, sécurité environnementale et solidarité dans les urgences face aux modifications climatiques, harmonisation des droits sociaux vers le haut et l’égalité femmes/hommes effective notamment dans le travail ainsi que la reconnaissance des droits des minorités.

Autant d’objectifs qui ne peuvent être atteints sans progresser vers un dépassement-abolition d’un système économique fondé sur l’appropriation des fruits du travail de l’immense majorité, la discrimination envers les femmes et les immigrés (...)

Les enjeux pour les travailleurs et les peuples des deux côtés de l’Atlantique sont énormes. Ils concernent la planète entière. Avec leurs organisations syndicales, sociales, les organisations non gouvernementales, ils doivent amplifier encore leurs rencontres et l’élaboration de projets communs humains. Le traité avec le Mercosur ne doit pas être scellé les 17 et 18 novembre prochains dans les sombres couloirs de la réunion du G20.

Visons l’association des travailleurs et des peuples contre la domination des multinationales. De l’Amérique latine au continent européen, mettons le post-capitalisme à l’ordre du jour.