
Le Fenua ‘Aihere est la dernière zone sauvage de Tahiti, sur laquelle ses habitants veillent avec soin. Une quiétude troublée par les Jeux olympiques : c’est près du village de Teahupo’o que se déroulent les épreuves de surf.
À l’extrémité de la presqu’île tahitienne de Taiarapu, le Fenua ’Aihere, « terre de brousse », est la dernière zone sauvage de l’île polynésienne. Seules quelques bâtisses attestent d’une présence humaine. Même l’unique axe routier de Tahiti s’arrête aux portes de ce petit paradis, au PK0 (point kilométrique), dans le village de Teahupo’o. Sur cette terre vivent officiellement 600 habitants, dont la moitié environ à proximité dudit village.
C’est là que se dérouleront les épreuves de surf des Jeux olympiques, du 27 au 30 juillet. Vingt-huit athlètes logent sur un gros navire jusqu’au 6 août, amarré dans la baie de Vairao, à une vingtaine de minutes en navette maritime du lieu de la compétition. Et depuis l’annonce des Jeux, les maisons « ont poussé comme des champignons », observent les habitants. Locations, mais aussi résidences principales. Les épreuves des JO ne durent que quelques jours mais l’accueil d’un événement comme celui-ci a mis un sacré coup de projecteur sur le village et sa vague.
Une effervescence qui détonne avec la quiétude des lieux, où le temps semble s’être arrêté avec la route. Ici, les habitants veillent au grain pour que personne ne trouble l’équilibre de la biodiversité, qu’elle soit terrestre ou marine. (...)
Ces espaces naturels sont sacrés et recèlent encore de nombreux marae — lieu où se déroulaient des rites religieux. Tous vous parleront du mana, une énergie qui guide les Polynésiens. « On est bien dans la nature », résument Joseph Firuu et Eliane Temorere, voisins de Naina. (...)
Le tourisme s’est développé depuis l’annonce des JO
Une dizaine de personnes montent à bord du bateau de la pension Bonjouir. Sur le trajet, la toile qu’avait dépeinte Angelina se dessine sous leurs yeux. Seule ombre au tableau, les prestataires touristiques qui se sont invités à la fête depuis que Teahupo’o a été posé sur la carte du monde. Ils proposent notamment des excursions pour visiter la partie sauvage de l’île. Des allers-retours sur le lagon qui ne plaisent pas toujours aux riverains. (...)
Les informations circulent par le bouche-à-oreille. Comme la polémique de la tour des juges, qui s’est répandue comme une traînée de poudre. Le remplacement de la structure en bois amovible — jugée non conforme aux cahiers des charges du Comité d’organisation des Jeux olympiques — par une tour en aluminium de 14 m de haut a déclenché l’ire des habitants et des associations environnementales, inquiets pour la biodiversité marine. « Nous avons organisé une marche et contré le projet de départ », rappelle la présidente de l’association. Cette mobilisation a eu pour effet la révision du dossier et l’installation d’une structure allégée. (...)
Depuis que la zone est protégée, « le poisson est revenu. Le rāhui de Teahupo’o est le plus poissonneux de Tahiti », se félicite Teva Rochette. (...)