
Le RN tenait dans l’Aude son traditionnel meeting du 1er-Mai, un mois après la condamnation de Marine Le Pen pour détournements de fonds publics. En parallèle, une manifestation et un village antifasciste étaient organisés dans la ville pour « bomber le torse » face à l’extrême droite.
Dans les rues de Narbonne, jeudi 1er mai, les slogans chantés dans la manifestation ont un point commun : ils concernent presque tous l’extrême droite. Plusieurs milliers de personnes ont défilé pour la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs et des travailleuses, mais aussi pour marquer leur opposition à la présence du Rassemblement national (RN) dans la ville.
Le parti de Marine Le Pen avait en effet choisi la sous-préfecture de l’Aude, département dont il contrôle les trois circonscriptions, pour tenir son traditionnel meeting du 1er-Mai, journée d’hommage à Jeanne d’Arc.
Derrière la banderole de tête, en plus des représentant·es syndicaux, plusieurs associations sont venues battre le pavé : Dominique Sopo, président de SOS Racisme, marche aux côtés de Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace et de la présidente de la Ligue des droits de l’homme, Nathalie Tehio. « En juin dernier, la société civile, en se mobilisant, a réussi à enrayer ce qui ressemblait à un rouleau compresseur, explique-t-elle à Mediapart. Alors que le RN se rassemble ici, il est important qu’on dise : “Nous sommes là et vous ne représentez pas l’ensemble de la société”. »
Avant de monter sur le char de tête pour assurer l’ambiance musicale de la manifestation, la porte-parole d’Attac Youlie Yamamoto abonde : « On a vraiment organisé un 1er-Mai de riposte antifasciste. Il y a un vrai enjeu à bomber le torse. » En plus d’une manifestation, les associations présentes ont organisé un village antifasciste, avec débats et conférences sur le programme du RN et sa gestion municipale, pour donner le change aux milliers de militant·es du parti rassemblé·es dans la salle de concert de la ville, à quelques kilomètres de là.
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– (L’Humanité)
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(...) Il faut manquer sérieusement de culture politique pour ne pas avoir le sentiment d’un odieux braquage, tandis que l’extrême droite cite Léon Blum et les conquêtes sociales, depuis une tribune de l’Arena de Narbonne. À l’occasion de son traditionnel meeting du 1er Mai, cette année les deux patrons du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont posé leur bagage dans cette commune de l’Aude, que le RN aimerait conquérir aux prochaines municipales.
Pendant une demi-heure, dans une tentative opportuniste de récupérer la Journée internationale des travailleurs, Marine Le Pen s’est livrée à une ode aux luttes sociales, en multipliant, avec Louis Aliot et Jordan Bardella, les références au Front populaire de Léon Blum, socialiste et ex-député de la circonscription de Narbonne, dont le siège est aujourd’hui occupé par le lepéniste Frédéric Falcon. (...)
Ce qui n’empêche pas le président du RN de faire l’éloge, ensuite, de « la France qui se lève tôt et qui se couche tard, qui ne compte pas ses heures et ses efforts, qui œuvre sans jamais se plaindre ». Pour le parti d’extrême droite, le travail est au service de la puissance nationale et non de l’émancipation collective. « La justice sociale n’est pas une entrave au développement économique », a ajouté Marine Le Pen. (...)
À Narbonne non plus, tout le monde n’est pas résolu à laisser la place à l’extrême droite. En marge du meeting de Le Pen, une quarantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques, féministes, écologistes et antiracistes ont organisé un village antifasciste, en plus de la marche traditionnelle du 1er Mai. Débats, cantine solidaire, exposés et concerts se sont enchaînés entre la médiathèque et le palais du Travail de Narbonne. Le meeting lui-même n’a pas échappé aux perturbations. Elles ne sont pas venues de la gauche mais du collectif pro-Israéliens Nous Vivrons, qui a réalisé un happening quelques minutes après le début du discours de Marine Le Pen : « Vous n’êtes pas le bouclier des juifs ! » ont brandi plusieurs militants, avant d’être évacués sous les sifflets des sympathisants RN.
– 1er mai : à Narbonne, un village antifasciste pour s’opposer au meeting du RN
(...) La ville de Narbonne, située entre Perpignan et Béziers, deux villes passées d’extrême droite, n’a pas été choisie par hasard. Ce territoire, historiquement à gauche, a été submergé par la vague macroniste en 2017, jusqu’aux législatives 2022 où le parti lepéniste l’a emporté haut la main. Une percée confirmée lors des législatives 2024. Les trois circonscriptions de l’Aude ont à leur tête des députés RN. « Il y a un véritable enjeu au niveau de ce territoire », confirme le communiste Théo Demenge, « le député de la deuxième circonscription de l’Aude, Frédéric Falcon est par exemple spécialisé sur l’immobilier. Il combat toutes les initiatives de régulation immobilières ».
« L’enjeu dépasse même le département, ajoute Laurent Fabas. Dix circonscriptions, entre les Cévennes et les Pyrénées sont passées aux mains du RN. Nous, narbonnais, n’acceptons pas que le RN se pense en terrain conquis, la gauche est toujours là. » Pour un territoire accueillant de nombreux retraités, l’événement peut aussi ramener et mobiliser la jeunesse. Deux grandes scènes musicales verront se produire une quinzaine d’artistes, dont le groupe Goulamas’K. (...)
– (RFI)
1er-Mai en France : des célébrations sous haute tension sociale
Cette année encore, ce 1er-Mai se déroule sous haute tension en France. La préparation du budget 2026 et les 40 milliards d’euros d’économies que le gouvernement tente de trouver concentrent aujourd’hui tous les mécontentements. Plus de 250 cortèges sont organisés partout en France, mais les syndicats défilerent en ordre dispersé. (...)
En France, la Confédération générale du travail (la CGT), Force ouvrière, Solidaires et la FSU, premier syndicat de l’éducation, ainsi que des organisations de jeunesse dont l’UNEF, l’Union étudiante ou le MNL, le Mouvement national lycéen, ont lancé un appel commun pour défendre une hausse des salaires et des pensions de retraite, ou bien encore la paix dans le monde. (...)
mot d’ordre, cette année en France, la lutte « contre l’extrême droite, pour les libertés et la justice sociale ». Si les revendications au niveau national portent sur la réforme des retraites et les plans sociaux, l’intersyndicale, formée par la CGT, Solidaires et FSU, a invité des syndicats internationaux qui seront présents dans les cortèges, compte tenu du contexte mondial qui pèse sur les travailleurs. (...)
De son côté, la CFDT appelle à rejoindre les cortèges pour revendiquer une Europe plus protectrice pour les travailleurs. Aux côtés des organisations syndicales, les quatre forces de gauche qui composent le Nouveau Front populaire défileront également dans les rues. Pas de mot d’ordre unique. Mais tous les syndicats s’opposent à un assouplissement du Code du travail, selon lequel le premier mai est un jour férié et chômé.
Des sénateurs et le gouvernement réclament que certains commerces, comme les boulangeries et les magasins de fleurs, déjà autorisés à ouvrir le dimanche, puissent aussi le faire, le 1er-Mai. Cette revendication sera au cœur des cortèges. Tout comme le refus des 40 milliards d’économies budgétaires, prévues sur les dépenses publiques. Des coupes qui devraient viser en premier lieu les collectivités locales et les services publics. (...)
Défense des salariés d’ArcelorMittal
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Depuis l’annonce du projet de suppression d’emplois il y a une semaine, la gauche affirme que la production d’acier est un impératif stratégique en France et appelle l’État à nationaliser les usines du pays. Une mesure pas à l’ordre du jour du côté du gouvernement qui privilégie à ce stade deux leviers : l’innovation et l’investissement.