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Mediapart
À l’Assemblée, la grève du zèle des députés révèle le grand malaise de la nouvelle « majorité »
#Etat #budget #finances #assembleeNationale
Article mis en ligne le 31 octobre 2024

Depuis des jours, les débats budgétaires se tiennent dans un hémicycle clairsemé. Signe que rien ne va déjà plus dans la coalition au pouvoir, ce sont les députés macronistes et Les Républicains qui manquent le plus à l’appel.

Était-ce l’effet « photo de classe » organisée en début d’après-midi ? Mardi 29 octobre, cela faisait longtemps, des semaines peut-être, qu’on n’avait pas vu un hémicycle aussi rempli. Dans la foulée de la première photo officielle de ce début de 17e législature, ce sont des bancs fournis qui, du centre à l’extrême droite de l’hémicycle, ont rejeté l’amendement d’abrogation de la réforme des retraites contenu dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Une défaite massive infligée à la gauche : au total, 91 députés du Rassemblement national (RN), 60 députés macronistes, 27 députés de la Droite républicaine (DR, ex-Les Républicains), 24 députés du MoDem et 20 d’Horizons (le parti d’Édouard Philippe) se sont alliés pour maintenir l’âge de départ à 64 ans.

Depuis des jours, néanmoins, c’est peu dire qu’on entendait quasiment les mouches voler dans l’hémicycle, bon nombre de députés macronistes ayant déserté ses bancs. Un absentéisme jamais vu en cette période d’examen des deux grandes lois budgétaires (projet de loi de finances et PLFSS) définissant les priorités pour l’année à venir.

Un absentéisme d’autant plus surprenant que cette année, le premier ministre a soumis à la représentation nationale un texte destiné à économiser la bagatelle de 60 milliards d’euros, le budget le plus « austéritaire » de la décennie, comme l’a rappelé la gauche.

Si les députés du Nouveau Front populaire (NFP) étaient bien présents ces derniers jours pour s’opposer à la « saignée » imposée par le gouvernement, il n’en a ainsi pas été de même pour les forces politiques pourtant censées soutenir l’exécutif. (...)

Entre sentiment d’impuissance face à l’inéluctable 49-3 qui mettra un point final à la séquence budgétaire et refus d’endosser les choix drastiques imposés par Matignon dans une période des plus incertaines, difficile de trouver sa place. (...)

Faux amis au gouvernement, vrais ennemis à l’Assemblée : voilà donc la droite LR et la droite macroniste contraintes et forcées d’avancer ensemble dans la tempête. À moins que le fin stratège Michel Barnier n’ait déjà tiré un trait sur l’Assemblée pour lui préférer le Sénat, tout acquis à la droite LR. Et qui, dans l’hypothèse probable du rejet des textes budgétaires au Palais-Bourbon, reprendra une fois pour toute la main sur le processus parlementaire.