
Le nombre de journalistes tués à Gaza ne cesse d’augmenter. Selon le Comité pour la protection des journalistes et la Fédération internationale des journalistes, plus de 60 professionnels des médias sont morts depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre, ce qui en fait la plus meurtrière que n’importe quel autre conflit pour la profession. Plusieurs ONG dénoncent le fait que les journalistes seraient délibérément visés et demandent des comptes à l’armée israélienne.
Un par jour. En deux mois de guerre, plus de 60 reporters et professionnels des médias ont été tués à Gaza, selon un rapport du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) publié samedi 16 décembre. Cela représente un journaliste, caméraman ou fixeur tué chaque jour depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre, déclenchée par l’attaque du Hamas sur le sol israélien.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ), qui depuis le début des années 90 tient le compte des journalistes tués dans l’exercice de leur mission, a publié mercredi 13 décembre un rapport avec les mêmes conclusions : "La guerre à Gaza a déjà fait beaucoup plus de morts parmi les professionnels des médias que n’importe quel autre conflit".
Les deux rapports dénombrent "au moins 64 journalistes et professionnels des médias confirmés morts", pour la plupart Palestiniens (57 d’entre eux), presque tous tués dans des bombardements à Gaza.
Le CPJ compte également quatre journalistes israéliens tués dans les attaques menées par des groupes armés palestiniens le 7 octobre, ainsi que trois journalistes libanais tués par les forces israéliennes à la frontière du Liban avec Israël. (...)
Le CPJ fait également état de 13 journalistes blessés, 19 autres arrêtés et trois portés disparus. Il reporte également de multiples agressions, menaces, cyberattaques, censure et meurtres de membres de la famille de journalistes.
Agression filmée
Plusieurs témoignages et vidéos viennent documenter ces données. La dernière en date, publiée le 15 décembre et devenue virale, montre un journaliste de l’agence de presse officielle turque Anadolu passé à tabac alors qu’il tentait de travailler à Jérusalem-Est occupée. (...)
Agression filmée
Plusieurs témoignages et vidéos viennent documenter ces données. La dernière en date, publiée le 15 décembre et devenue virale, montre un journaliste de l’agence de presse officielle turque Anadolu passé à tabac alors qu’il tentait de travailler à Jérusalem-Est occupée. La scène, retransmise en direct par la chaîne CNN Turk, montre le photojournaliste Mustafa al-Kharouf et le reporter indépendant Faiz Abu Rmeleh être interpellés et frappés par plusieurs membres des forces de sécurité israéliennes en patrouille.
Pendant cette agression filmée, un membres des forces de l’ordre israéliennes menace d’arrêter les deux journalistes, qui se sont identifiés en montrant leur carte de presse. Un soldat israélien semble vouloir tirer sur le journaliste avec son fusil d’assaut, mais utilise finalement son arme pour le frapper au visage. Mustafa Al-Kharouf est ensuite jeté à terre avant d’être roué de coups de pied, au torse et à la tête.
L’agression du photographe d’Anadolu a été condamnée samedi par le porte-parole de la Commission européenne, Peter Stano. Les forces de l’ordre israéliennes impliquées ont été suspendues jusqu’à ce que les détails de l’incident fassent l’objet d’une enquête, selon les informations de RSF.
Pour Jonathan Dagher, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, "le fait que ces policiers aient attaqué des reporters avec une telle brutalité, devant des caméras et des témoins, en dit long sur les violence structurelles commises par les forces israéliennes envers les reporters palestiniens."
Al Jazeera "systématiquement ciblée" (...)
Des attaques "délibérés", selon Human Rights Watch
Une semaine après les attaques du Hamas contre Israël, deux frappes de l’armée israélienne ont tué le 13 octobre un reporter de l’agence Reuters dans le sud du Liban et blessé six autres journalistes d’Al Jazeera et de l’AFP.
Les sept journalistes se tenaient au sommet d’une colline au sud du Liban, près de la frontière avec Israël. Ils filmaient et diffusaient des bombardements transfrontaliers entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a déclaré avoir vérifié sept témoignages directs, dont ceux de trois journalistes blessés, et analysé 49 vidéos et des dizaines de photos qui indiquent que les journalistes étaient à l’écart des hostilités en cours, qu’ils étaient clairement identifiables en tant que membres de médias – ils portaient des casques et gilets pare-balles ciglés "Press" - et qu’ils étaient restés immobiles pendant au moins 75 minutes avant d’être bombardés.
L’ONG n’a trouvé aucune preuve d’une cible militaire à proximité de l’emplacement du groupe de journalistes. Les autorités israéliennes n’ont quant à elles pas réagi à ce rapport. (...)
Reporters sans frontières a de son côté déposé une plainte auprès de la CPI au début du mois de novembre pour crimes de guerre commis contre des journalistes palestiniens à Gaza et en Israël. (...)
"C’est l’information qu’on assassine"
En France, dans une tribune publiée jeudi 14 décembre dans le journal Le Monde, un collectif de journalistes spécialistes du Proche-Orient demande à Emmanuel Macron d’intercéder auprès du Premier ministre israélien, afin de permettre aux reporters palestiniens travaillant pour la presse française d’emprunter le poste-frontière de Rafah entre Gaza et l’Égypte.
La branche française de la Fédération internationale des journalistes avait appelé à manifester dimanche 17 décembre à Paris, déclarant qu’il était " plus qu’urgent d’assurer une protection effective pour tous les journalistes dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie et à la frontière avec le Liban, ainsi que leur liberté de circulation." (...)
"C’est la première fois dans le monde qu’il y a autant de journalistes tués sur le terrain dans une guerre.", affirme Ahmed, photographe de formation de 35 ans. "C’est intentionnel (...)