
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie après la diffusion d’images montrant trois policiers s’en prendre violemment à un homme. Cette affaire intervient en pleine polémique autour de la proposition de loi sur la "sécurité globale".
MAJ :
Les quatre policiers seront entendus sous le régime de la garde à vue, selon nos informations.
Les quatre policiers mis en cause dans l’interpellation violente d’un producteur de musique samedi 21 novembre à Paris sont convoqués vendredi 27 novembre à l’IGPN, selon les informations de franceinfo. Ils vont être entendus sous le régime de la garde à vue, toujours selon nos informations, ce qui leur permettra d’être assistés d’un avocat. Hafida El Ali, l’avocate de la victime, avait regretté ce vendredi matin sur franceinfo, que les policiers mis en cause n’avaient pas été placés en garde à vue jusqu’à maintenant. (...)
Les images, diffusées jeudi 26 novembre par le média Loopsider, sont accablantes. Filmées par une caméra de vidéosurveillance, elles montrent un homme noir appelé Michel, producteur de musique à Paris, subir une volée de coups assénés par des policiers alors qu’il se trouve à l’entrée d’un studio de musique du 17e arrondissement de la capitale, samedi.
Les trois policiers mis en cause ont été suspendus, indique jeudi une source proche du dossier à franceinfo, confirmant une information de l’AFP. Une décision qui fait notamment suite à une demande du préfet de police de Paris, après la diffusion d’image montrant cette intervention très violente sur les réseaux sociaux.
Plus tôt dans la journée, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait demandé la suspension de ces policiers visés par une enquête du parquet de Paris pour "violences" et "faux en écriture publique". L’Inspection générale de la police nationale a été saisie. Le procureur de Paris a quant à lui demandé à l’IGPN d’enquêter "le plus rapidement possible" sur ces faits.
Le préfet de police de Paris a indiqué pour sa part avoir demandé au Directeur général de la police nationale "de suspendre à titre conservatoire les policiers impliqués".
Que s’est-il passé ?
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Que sait-on des policiers impliqués ?
Selon les informations de franceinfo, les fonctionnaires font partie de la brigade territoriale de contact (BTC) du commissariat du 17e arrondissement, composée de 10 à 15 hommes. Les patrouilles des brigades territoriales de contact sont le plus souvent composées de trois fonctionnaires : deux en uniforme, un en civil, conformément à ce que l’on voit sur les images diffusées par Loopsider. Les brigades territoriales de contact sont des unités composées de jeunes policiers censés rapprocher les policiers de la population, mais aussi répondre aux urgences, aller dans les quartiers "chauds" et procéder à des interpellations. (...)
Dans quel contexte survient la publication de ces images ?
Cette affaire intervient en pleine polémique sur un projet de loi qui encadre la diffusion des images des forces de l’ordre en intervention et après l’évacuation musclée, lundi, d’un camp de migrants au cœur de la capitale. "Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l’ont outrageusement violenté", a dénoncé de son côté l’avocate de Michel, Hafida El Ali. "Si nous n’avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison", a-t-elle ajouté à l’AFP.
L’Assemblée nationale a voté cette semaine la proposition de loi sur la "sécurité globale", dont l’article 24 réprime d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la diffusion de "l’image du visage ou tout autre élément d’identification" de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique".
Ce texte, plombée par des polémiques et honnie par ses opposants, doit être examiné au Sénat. Il a suscité de vives critiques de la part des journalistes et des défenseurs des libertés, notamment pour son très controversé article 24. Le Premier ministre Jean Castex avait ainsi annoncé mardi qu’il saisirait lui-même le Conseil constitutionnel à propos de cet article.
Quelles sont les réactions politiques ?
Gauche et écologistes ont unanimement condamné ces violences. "Il est temps d’accepter de traiter le sujet du racisme dans la police, de retirer l’article 24 de la loi Sécurité globale, de rendre l’IGPN absolument indépendante pour donner à ses décisions le caractère d’impartialité qu’elle n’a pas aujourd’hui", a demandé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur Twitter.
Après l’ouverture d’une enquête par l’IGPN, le numéro deux de La France insoumise Adrien Quatennens, s’adressant à Gérald Darmanin, a dénoncé "cette comédie où des policiers décident entre eux du sort de policiers ? Il faut dissoudre [l’IGPN] et la remplacer par une instance démocratique. Vous refusez de parler de violences policières mais tant qu’il y aura des images, on les verra ! Retirez la loi Sécurité globale !", a-t-il réagi.
Idem pour le patron d’EELV Julien Bayou : "Sans les vidéos, rien ne serait sorti. Vidéos que vous voulez interdire. Pour protéger les policier-es qui exercent leur mission avec rectitude ? Ou pour assurer l’impunité de ces comportements qui déshonorent l’uniforme ?"
Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a quant à lui appeler à se joindre aux manifestations de samedi pour le retrait de cet article, et à "réformer la police républicaine", car "les violences policières racistes sont des réalités".