
Le regain de violence survenu ces derniers jours en Tunisie rappelle que malgré le départ de Ben Ali, les hommes de l’ancien despote ne sont pas prêts à quitter le pouvoir.
(...) Partout en Tunisie, des bandes de jeunes sèment la terreur depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier. Le vide sécuritaire dénoncé par les habitants a en outre été renforcé par la grève menée par les policiers. « Il y a un énorme sentiment d’insécurité ici », confirme de Tunis Fouad Boukari journaliste
à Radio France. Après la promesse du gouvernement d’augmenter leur salaire, les policiers ont repris leur service.
Rabhi Samir, professeur à Kasserine et militant des droits de l’homme, dénonce un coup monté. « Ces jeunes sont des mercenaires payés par les grosses têtes des sections régionales du RCD, le parti de Ben Ali », assure-t-il. « Ils ont pour mission de rependre le chaos pour que le RCD soit perçu comme le seul parti capable de maintenir l’ordre. »
Preuve de l’implication du l’ex-parti unique selon le militant : le tract distribué hier aux habitants de Kasserine. Rabhi Samir lit le texte à haute voix : « Nous allons annoncer la guerre contre tous les gens qui propagent des rumeurs contre les hommes intègres de Kasserine. » (...)
Avec ses débordements, une évidence s’impose aux yeux de Selim Ben Hassen, leader du mouvement d’opposition Byrsa : même si le despote est tombé, la dictature, elle, est toujours debout. Malgré le changement de gouvernement opéré le 27 janvier, les fidèles de Ben Ali ne sont pas encore tous partis.
La tension est montée à son comble lundi quand 2 000 à 3 000 jeunes ont envahi le ministère de l’intérieur. Farhat Rahji, à sa tête, et Rachid Ammar, chef d’état-major de l’armée de terre, ont échappé de peu à la mort. (...)
« L’appareil de sécurité a été mis en place par Ben Ali, qui avant d’être président a été ministre de l’intérieur. Il a mis en place des hommes qui lui font totalement allégeance. Il va donc être difficile de se débarrasser d’eux, il ne vont pas partir comme ça. » (...)