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Mediapart
Violences conjugales : le jugement qui condamne le candidat LREM Jérôme Peyrat
Article mis en ligne le 15 mai 2022

Investi par la majorité présidentielle malgré sa condamnation pour violences conjugales, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron continue de minimiser les faits. Mais le jugement rendu en septembre 2020 par le tribunal correctionnel d’Angoulême note que Jérôme Peyrat a « adapté sa version » aux stigmates, physiques et psychologiques, constatés sur son ex-compagne, ayant occasionné 14 jours d’ITT.

C’est une condamnation qu’Emmanuel Macron et la majorité présidentielle n’ont pas jugée assez grave pour empêcher Jérôme Peyrat, ancien conseiller à l’Élysée, d’être candidat aux élections législatives. Le maire de La Roque-Gageac, condamné le 18 septembre 2020 pour des faits de violences conjugales, a été investi dans la 4e circonscription de Dordogne, où il avait été battu en 2017 par la députée La République en marche (LREM) Jacqueline Dubois.

Cette candidature a suscité de vives réactions, y compris parmi les soutiens du chef de l’État, qui avait promis, pendant sa campagne, de faire de « l’égalité femmes-hommes la grande cause de [son] nouveau quinquennat » et envisagé de créer « un nouveau fichier administratif pour les auteurs de violences conjugales ». « L’essentiel, c’est que vous ne restiez pas seules », avait-il dit en novembre 2020 en s’adressant aux femmes victimes, avant d’ajouter : « Nous ne lâcherons rien, je vous le promets. » (...)

Quelques semaines plus tard, Jérôme Peyrat était nommé conseiller politique à la délégation générale de LREM, puis propulsé tête de liste pour les élections régionales de juin 2021 en Dordogne. Depuis l’officialisation de sa candidature aux législatives, l’ancien élu Les Républicains (LR), qui a longtemps travaillé aux côtés de Nicolas Sarkozy, s’est plusieurs fois défendu dans la presse, en évoquant « un amalgame qui est fait essentiellement par l’extrême gauche ». (...)

le jugement rendu par le tribunal correctionnel d’Angoulême, que Mediapart a pu consulter, minimise beaucoup moins la violence des faits survenus le 30 décembre 2019, à La Roque-Gageac. Il évoque notamment « les photos de Madame X* prises par les gendarmes le jour du dépôt de sa plainte faisant montre de ses hématomes ».
La version « adaptée » de Jérôme Peyrat

Le document souligne surtout que « la description des faits de Monsieur Peyrat […] relève de l’ajustement de cause ». Lors de son audition devant les gendarmes, l’élu avait « dans un premier temps évoqué un geste de la main et avoir saisi le poignet de sa compagne ». Ce n’est que dans un second temps, « une fois que les photos de la victime prises par les enquêteurs lui avaient été présentées », qu’il a « adapté sa version aux autres hématomes et lésions relevés », poursuit le juge.

Les stigmates, tant physiques que psychologiques de la victime, ont été détaillés dans le certificat médical des urgences le 30 décembre 2019, relevant une incapacité totale de travail (ITT) de 14 jours (...)

Le jugement du tribunal correctionnel d’Angoulême évoque également un second examen médical du 31 décembre 2019, qui « confirme l’état de stress post-traumatique et relève que les faits décrits sont tout à fait concordants avec les lésions constatées, à savoir un hématome au niveau de la face interne de la lèvre ainsi qu’un hématome au niveau des deux pommettes, ce qui peut correspondre à une claque pouvant avoir été donnée sur le visage comme décrit par la plaignante ». (...)

Comme l’ensemble des candidat·es de la majorité, il doit désormais signer une charte comprenant douze engagements pour valider son investiture. Cette charte se base notamment sur « l’éthique et la poursuite de la moralisation de la vie publique ». Des valeurs que la députée LREM sortante de la 4e circonscription de Dordogne, Jacqueline Dubois, évincée au profit de l’homme qu’elle avait pourtant battu en 2017, aurait souhaité de nouveau porter. « Moralisation de la vie publique, place et respect des femmes… En apprenant la nouvelle [de son éviction – ndlr], vous comprendrez que ma déception a été à la hauteur de mon engagement », écrit-elle dans un communiqué.