En seulement deux mois, plusieurs espèces de primates ont disparu des forêts atlantiques du littoral brésilien, emportées par le virus de la fièvre jaune. La déforestation et la pire catastrophe écologique qu’ait connue le Brésil pourraient avoir favorisé cette épidémie sans précédent.
(...) Depuis le mois de janvier, une équipe d’une vingtaine de chercheurs de l’université fédérale d’Espirito Santo « patrouille » dans les sous-bois de la forêt tropicale afin d’évaluer l’ampleur de l’épizootie. Sur leur chemin, ils se retrouvent impuissants devant les corps morts ou agonisants au pied des arbres des singes hurleurs. Le primatologue Sérgio Lucena, interviewé par le journal O Globo, rapporte que 600 carcasses ont été retrouvées en un mois dans la réserve et que cela ne constitue que 10 à 20 % du nombre réel d’animaux touchés par la maladie. Seuls ceux tombés à terre peuvent être comptabilisés, une grande partie restant cachée dans les hautes branches (...)
Dans les régions centrales du Brésil, de la côte jusqu’à Brasilia, la peur de la fièvre jaune a entraîné une ruée vers les postes de vaccination. Le ministère de la Santé a annoncé fin février que depuis le début de l’année, 1.200 cas de fièvre jaune ont été recensés et qu’une centaine de personnes en étaient mortes. Bien qu’une grande partie de la population vivant dans les régions tropicales soit vaccinée, le ministère a fait livrer 14 millions de vaccins aux régions touchées. (...)
Mais pour les singes, il est déjà trop tard. Victimes de la maladie, importée d’Afrique tout comme l’Aedes aegypti, le moustique tigre vecteur du virus, ils sont aussi la cible de l’ignorance des hommes. Par peur de la contamination, les locaux s’en prennent parfois aux primates en les chassant au fusil. « Les singes ne sont pas des vecteurs, ce sont les moustiques qui propagent la maladie », rappelle Sérgio Lucena, également professeur de biologie de la conservation des vertébrés à l’université fédérale d’Espirito Santo.
C’est le deuxième désastre en un an que connaît la forêt atlantique, entre les États de Minas Gerais et de l’Espirito Santo. Dévastée une première fois par une coulée de boue qui a emporté des arbres et détourné des rivières, la forêt tropicale est désormais désertée de ses habitants. Pour certains scientifiques, l’irruption de la maladie pourrait être liée à la catastrophe minière de novembre 2015, car elle aurait pu favoriser la prolifération de moustiques.
Toute la forêt est menacée de déséquilibre (...)