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La vie des idées
Vers la fin de l’histoire de la statistique ?
À propos de : Alain Supiot, La Gouvernance par les nombres, Fayard
Article mis en ligne le 29 mars 2016
dernière modification le 26 mars 2016

Les cours d’Alain Supiot au Collège de France analysent l’asservissement du Droit et de la Loi à la gouvernance par les nombres, qui sape les fondements démocratiques des sociétés. Qu’en pensent les statisticiens qui produisent les chiffres dont s’alimente cette gouvernance ?

Pour Alain Supiot, le droit remplit une fonction anthropologique, niée par la réduction de l’être humain à une unité de compte manipulable par le calcul. La civilisation occidentale s’est émancipée de ses fondements religieux pour faire du Droit le lieu d’institution des valeurs de justice qui ordonnent le devoir-être des sociétés. L’individu est assuré de sa personnalité juridique et de son autonomie pratique par l’institution légale de ces valeurs transcendantes. L’État moderne est l’instance hétéronome qui s’impose comme « Tiers garant des identités ». Cette instance règle la vie des contrats civils, domaine privilégié de la quantité et du calcul. La capacité de calcul n’est pas un attribut auto-suffisant de la raison et son exercice légitime suppose la référence à un sens de la mesure ancré dans le Droit. Inspirées par une normativité scientiste, les expériences totalitaires du XXe siècle ont dévalorisé l’idéal d’une société régie par des lois librement adoptées. (...)