En pleine saison dite touristique les imaginaires dominent. Entre cartes postales numériques et selfies neuroplégiques, l’hyper tourisme ainsi que la déferlante Airbnb ont déjà fini par achever de bien nombreuses îles du pays, après tout terminé. “Le désir de voyager a toujours été fort naturel aux hommes, il me semble que jamais cette passion ne les a pressés avec autant de force qu’en nos jours”, écrivait déjà Jean Thévenot en son temps, dans son “Voyage du Levant”. Certes, mais c’était vers l’an 1627 de notre si glorieuse chronologie.
L’insurmontable quotidien actuel à l’île de Santorin était pourtant prévisible. “Oia à Santorin, à 9 heures du matin. Le village se réveille à peine, la plupart des magasins sont encore fermés. Puis, le premier groupe de touristes arrive. Environ 10-15 personnes, toutes portant un auto-adhésif sur la poitrine indiquant le groupe et la croisière d’où ils viennent. Ils sont accompagnés par leur propre guide ; il tient un drapeau dans sa main. Ils s’arrêtent sur la petite place à l’entrée de la localité pour une ‘introduction’ approximative. Immédiatement vient alors le deuxième groupe. Le troisième. Le quatrième. Le cinquième. Une heure après c’est la bousculade. Des centaines de personnes sont entassées dans des ruelles étroites, se déplaçant dans des queues, des files d’attente. Ces gens ne peuvent plus, ni avancer plus vite, ni s’arrêter. Pour parcourir une distance de 100-200 mètres, ils mettent alors dix minutes. Et il vaut mieux ne pas penser à ce qui se passerait, si pour une raison quelconque une panique serait causée.”
“En même temps, à l’entrée d’Oia, c’est toujours la cohue qui règne. Au moins dix cars sont garés dans un petit parking (aux moteurs allumés, pour garder la fraîcheur à l’intérieur), d’autres continuent à monter et s’immobilisent alors à quelques centaines de mètres avant le bourg d’Oia. Les autres automobilistes malchanceux qui ne pourront pas les éviter y resteront bloqués longtemps. Certains jeunes, de ceux qui travaillent apparemment au sein des entreprises de transport, règlent alors la circulation, car on rencontrera difficilement sur Santorin un policier en dehors bien entendu de l’aéroport ou... du poste la police. La foule ainsi... irritée vient comme on dit, profiter du spectacle de la caldera.” (...)
“La population locale est gênée par ceux, tous visiteurs journaliers et quotidiens qui perçoivent Oia comme une mise en scène et non pas comme un vrai village. Certains touristes considèrent alors Oia comme une sorte de Disneyland. Le village serait à leurs yeux visitable de partout, et on y découvre certains touristes même dans nos maison, dans nos jardins”, quotidien “Kathimeriní” du 15 juillet 2018. (...)
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