
Le 17 décembre dernier, les députés du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) ont voté une nouvelle loi d’habilitation qui permet à Hugo Chavez de prendre des mesures rapides, par décret, au cours des 18 prochains mois. Le Président du Venezuela pourra légiférer dans les domaines suivants : infrastructure, transports, services publics, logement, finances, fiscalité, utilisation des terres urbaines et rurales, sécurité civile, défense nationale, coopération internationale et « système socio-économique ».
(...) De fait, les dégâts provoqués par les pluies torrentielles ont été aggravés par le capitalisme, qui a forcé des centaines de milliers de Vénézuéliens a vivre dans des masures et des logements mal construits, sur les collines de Caracas et d’autres villes. Ce problème ne peut être résolu que par une intervention de l’Etat et une planification de l’économie. Toute l’industrie du logement devrait être nationalisée et placée sous le contrôle des salariés. Les entreprises Sidor et Sidetur (poutres et barres d’acier), l’industrie du ciment et l’entreprise Inaf (matériaux de plomberie) ont déjà été nationalisés. Mais les entreprises de construction sont toujours dans des mains privées, alors que ce secteur est connu pour ses pratiques mafieuses, sa corruption, etc. Elles devraient être nationalisées pour satisfaire les besoins du peuple – et non plus les profits d’une minorité. (...)
Cette loi d’habilitation est un grand pas en avant, dans la situation actuelle. Elle coupe court à toutes les excuses légales des réformistes qui ne veulent pas mener la révolution à son terme. C’est pour cela que les masses bolivariennes la soutiennent : elles y voient un instrument dans la lutte des classes. Le Front Ezequiel Zamora a d’ores et déjà déclaré son soutien total à cette loi.
Ceci dit, il faut souligner qu’en elle-même, cette loi d’habilitation n’est pas la garantie d’un changement révolutionnaire. En 2007, l’année avait commencé par une loi d’habilitation, mais le gouvernement l’avait insuffisamment utilisée. Moins de 12 mois plus tard, l’opposition avait réussi à remporter une courte victoire lors du référendum sur la Réforme Constitutionnelle. Si, cette fois-ci, la loi d’habilitation n’est pas utilisée pour s’en prendre sérieusement au capitalisme, cela génèrera une énorme déception dans la masse des travailleurs, des paysans et des pauvres.
Il est clair que la pression d’en bas a joué un rôle clé dans cette décision de Chavez. Il a récemment expliqué avoir écouté les demandes et aspirations des milliers de personnes qui vivent dans des camps de réfugiés, à la suite des inondations. Par ailleurs, il y a eu récemment des manifestations de paysans et de travailleurs demandant une radicalisation de la révolution. (...)