
Alors que la vaccination s’ouvre aujourd’hui à tous, Mediapart vous propose un outil inédit qui permet d’explorer, avec vos critères (âge, région, etc.), votre balance bénéfice-risque. Nous le partageons en accès libre et le ferons évoluer au fil du temps.
A partir d’aujourd’hui, les rendez-vous de vaccination qui n’auront pas trouvé preneurs sont ouverts à tous les adultes, sans limite d’âge. « Aucun créneau ne doit être perdu », martèlent les autorités. Problème : les créneaux dotés d’AstraZeneca sont boudés. Même par les plus de 55 ans, pourtant éligibles à cette vaccination.
D’après les données de VaccinTracker, pas moins de 3,2 millions de doses du vaccin anglo-suédois sont actuellement disponibles en France. Mais selon la Direction générale de la santé (DGS), entre le 3 et le 9 mai, le taux d’utilisation des doses d’AstraZeneca n’était que de 56 %, contre 90 % pour Pfizer-BioNTech et Moderna…
Autrement dit, ce boycott commence à ralentir sérieusement la dynamique de la campagne vaccinale, au moment même où de nouveaux variants font leur apparition. Au cœur de ce boycott, les très rares cas de thromboses tout à fait atypiques, désormais reconnus comme liés aux injections d’AstraZeneca.
Alors certes les données existent sur cet effet secondaire, nous savons par exemple que ces thromboses surviennent moins d’une fois sur 100 000 injections. Mais comment ce risque est-il réparti par classe d’âge ? Et comment pèse-t-il dans les balances bénéfice-risque ? A-t-on intérêt à patienter plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour obtenir un rendez-vous avec les vaccins Pfizer-BioNTech ou Moderna, plutôt que de se faire piquer immédiatement avec l’AstraZeneca ?
Aucune réponse détaillée n’a jusqu’ici été communiquée par les autorités sanitaires françaises. Or, faute de discussions claires et accessibles, impossible d’appréhender, à sa propre échelle, cette délicate balance bénéfice-risque. La communication du risque n’est décidément pas le point fort de notre pays (lire notre entretien à ce sujet)...
Pour répondre aux demandes de plus en plus fortes d’information et de transparence, nous nous sommes donc plongés nous-mêmes dans les calculs des balances « bénéfice-risque » des vaccins Covid, à l’échelle individuelle. Des balances sur lesquelles figurent, d’un côté, les admissions en réanimation évitées par cette vaccination, et de l’autre, les risques graves identifiés comme liés aux injections (les cas de thromboses atypiques et de réactions allergiques graves).
Nous sommes conscients des limites inhérentes à ce travail, car il reste encore de nombreuses inconnues. Aussi, nous insistons sur un point : il ne s’agit pas d’un diagnostic qui vous indiquerait, par exemple, s’il faut ou non vous faire vacciner avec l’AstraZeneca ou avec un autre vaccin. Seul votre médecin est susceptible de vous conseiller sur ce point. Il s’agit d’un outil pédagogique, qui permet de mieux visualiser les bénéfices et les risques liés à ces vaccins, en fonction de votre profil.
Nous insistons également sur un autre point : il s’agit ici de balances individuelles, avec comme point de comparaison, les admissions en réanimation. Comme nous l’expliquons dans l’article, il y a plein d’autres raisons de se faire vacciner : éviter les Covid longs, éviter de saturer les hôpitaux, protéger les plus fragiles, retrouver une vie normale, se protéger contre d’éventuels futurs variants plus agressifs encore, etc.
Au fur et à mesure que la circulation du virus évoluera et que d’éventuels nouveaux facteurs de risque seront identifiés, nous mettrons à jour nos calculs (le code source est en accès libre sur Github, dans un souci de transparence et de critique constructive). (...)