
La douceur du temps météorologique ne suffit plus à faire oublier notre quotidien utopique. Utopique dans le sens du “non-lieu” bien entendu. Petros le poissonnier, offre quatre poissons à Yannis qui ne travaille plus à ses 56 ans : “Ce n’est plus une vie, ils ont fait de nous un pays de clochards et de détenus”. Je ne vends depuis ce matin que du poisson à 7 euros le kilo, “le plus cher part difficilement” affirme Petros. Pour lui, tout est clair, “la Grèce entière, devient un camp de concentration à ciel ouvert, heureusement ensoleillé”.(...)
Ces derniers jours et d’après l’hebdomadaire satirique et politique “To Pontiki” (entre autres), la police convoque aux commissariats des lycéens qui avaient participé aux mouvements et aux occupations de certains écoles en octobre 2013, pour leur signifier qu’une procédure est initiée à leur encontre. De ce fait, ils ne pourront probablement pas s’inscrire au concours d’entrée aux universités, (concours national organisé à la manière de celui du Baccalauréat en France). Inutile de dire que les commissariats exigent des enseignants, qu’ils leur fournissent ces fameuses listes... contenant les noms des élèves tant “agités”. C’est tout de même une première depuis la fin de la dictature (précédente).
Dans le même (nouvel) ordre d’idées, la journaliste Popi Christodoulidou a été interpelée cette semaine, suite à un reportage publié sur son blog, lequel faisait état de “certaines missions de surveillance et de protection abusives car hors cadre” des Gardes-côtes, la journaliste comparaitra devant un juge d’instruction, pourtant, sa source principale fut le Journal Officiel. (...)
Notre méta-démocratie tend à devenir ce régime autoritaire qui préfigure la dictature bientôt... à ciel ouvert ou plutôt fermé. (...)
le plus grand nombre des habitants assujettis n’y prête plus attention, tant les gens sont préoccupés par leur propre survie. La survie finalement suffira presque à elle seule pour ainsi imposer un nouveau régime politique. Il fallait le faire... et c’est presque fait. (...)
Petros, le poissonnier qui a offert quatre poissons à Yannis le sans travail ne nous a pas dit autre chose : “Nous subissons une nouvelle extermination initiée par les Allemands à la manière plus douce et moins couteuse que lorsque la ‘solution finale’ avait tenté de détruire le peuple juif. Et pour l’instant c’est réussi, la Grèce est un Dachau... nouvelle mouture”. (...)
C’est tout de même une forme de terrorisme et qui tue en Grèce chaque jour, tantôt Petros, tantôt notre ami Sakis et tantôt mon cousin Costas qui s’est suicidé il y a un mois. (...)