
L’Europe livre une véritable guerre aux migrants : avec l’agence Frontex (agence européenne pour la gestion opérationnelle aux frontières extérieures, NDLR), c’est tout un appareil militaire qui est mobilisé aux frontières européennes. Je pense ici aux avions et porte-avions qui surveillent la Méditerranée, les côtes sénégalaises ou aux drones détecteurs de chaleur qui survolent le Sahara. Au fond, il existe un consensus au niveau de la gouvernance européenne pour construire un mur, même symbolique, autour de l’Europe
Ce consensus s’alimente d’une construction culturelle et sociale collective faite au niveau de l’Europe : l’étranger y est vécu comme un risque, une menace dans un contexte d’institutionnalisation de la xénophobie. Cette institutionnalisation passe par la mise en œuvre de lois, de circulaires, par des discours qui rationalisent cette xénophobie, puisque l’étranger y est présenté comme un danger en dehors de tous dérapages racistes ou de propos haineux. En effet, il n’est pas question de différences de races, de biologie, mais bien d’un consensus autour de l’idée que l’étranger est un problème public, un problème de société. C’est donc bien une xénophobie sociale, et non une xénophobie individuelle et psychologique, qui est en train de se développer un peu partout en Europe. Xénophobie qui est aussi une islamophobie, même si elle n’est pas exclusivement cela....
...La question est de savoir ce qui va se passer sur le long terme. Tous les indicateurs nous montrent que le nationalisme politique redevient l’idéologie dominante dans tous les pays européens. De plus, la crise économique et financière n’arrange rien. Dans un tel contexte, qui rappelle d’autres époques très sombres, tout me paraît possible, y compris le pire...