
"La géographie prime toujours sur l’histoire" disait mon père, prof’ de l’une et de l’autre et passionné des rapports adultères de ces deux belles maîtresses de notre avenir.
"Maîtresses", pas tout à fait bien sûr. Mais là aussi le précepte peut servir : nous n’avons de chance d’imprimer durablement l’histoire qu’en mettant la géographie à profit.
Les passionnantes rencontres de "La fabrique métropolitaine" initiées à Bordeaux par Vincent Feltesse viennent de s’achever. J’y ai participé chaque fois que possible avec cette idée toujours en tête. Nous devons parcourir le monde (ou le faire venir chez nous pour écouter ce qu’il nous apprend) mais c’est NOTRE métropole qu’il faut construire avec le soucis de sa spécificité qui fera que l’on viendra la voir de loin et qu’on aura envie d’y habiter.(...)
doit-on concevoir une métropole circulaire, rayonnant autour de son centre historique, ou doit-on la laisser s’évader ici vers le fleuve et l’estuaire, là vers la côte ? (...)
Une autre question (qui n’est pas sans lien) est celle de la densification urbaine. Vertu écologique universellement reconnue car elle économise les déplacements, n’est-elle pas déjà un peu de l’écologie d’hier ? L’écologie de demain doit être d’abord une écologie humaine : à quoi bon sauver la planète, si l’on ne pense pas un peu aussi aux hommes qui l’habitent et qui sont guettés par pires maux ? Ceci surtout quand les déplacements "propres" se multiplient et se développent et que nous avons aussi un devoir d’aménagement du territoire. Non, je ne souffrirais pas de voir la LGV connectée à une ligne rapide desservant la côte, une autre longeant la Garonne, et permettant aux entreprises comme au développement urbain de prendre un peu leurs aises.(...)
La densification urbaine a un autre défaut, et nous en avions convenu lors d’un colloque à son unanime célébration : tous les orateurs étaient eux-mêmes possesseurs d’un jardin. Moi compris, mais justement je la bouclais.(...)
J’entends, j’entends, qu’il y a des parcs publics, des jardins partagés dans les villes (à Bordeaux, plutôt dans les quartiers chics où les habitants ont déjà des jardins !) mais ce que j’exprime reste si vrai que des riverains soulèvent aujourd’hui le bitume qui borde leur maison pour y faire pousser des graines qu’ils glissent comme un secret dans l’interstice et vont surveiller tous les jours...(...) Wikio