
La récolte des olives est une période cruciale en Cisjordanie, où les oliviers représentent près de la moitié des surfaces agricoles. 100 000 familles en dépendent et l’olivier est un symbole de la résistance et de l’identité palestinienne. Cette année, la récolte s’est déroulée dans un climat extrêmement tendu, avec une recrudescence des attaques des colons israéliens. Face à ces attaques, des Palestiniens s’organisent pour soutenir les agriculteurs et les aider à aller sur les terres dans les zones à risque.
Doha Asous, une agricultrice du village de Burin, récolte des olives sur ses terres situées à quelques centaines de mètres de la colonie israélienne Yitzhar. La colonie est connue pour être une des plus violentes de Cisjordanie. Doha affirme qu’elle ne peut travailler que sur environ un quart de ses terres familiales, le reste n’étant pas accessible à cause des colonies. Elle a appris à cultiver avec sa grand-mère et sa mère. « La récolte des olives est tellement importante pour le peuple palestinien. C’est une culture, et de nombreuses familles palestiniennes en dépendent, mais c’est aussi une tradition. Il y a un dicton arabe : “L’huile d’olive est le pilier de la maison” », explique Doha. Début novembre, lorsqu’elle s’est rendue sur ses terres proches d’une autre colonie, Doha a été attaquée par des colons, et le lendemain elle découvrira une quinzaine d’oliviers détruits. (...)
Le collectif Faz3a, « intervention » ou « fait de porter secours » en arabe, a été fondé il y a trois ans par des membres des comités de la résistance populaire. Il s’agit d’accompagner les agriculteurs et agricultrices sur leurs terres pendant la récolte des olives dans des zones à risque, près des colonies. Le groupe est constitué de Palestinien·nes et de militant·es d’Israël et d’autres pays. (...)
« Faz3a signifie “porter secours”, c’est une solidarité collective issue de la tradition palestinienne d’entraide. Nous parlons de protection non violente, nous n’avons pas d’armes, mais nous avons nos corps et nos caméras. » (...)
« Nous avons ces terres depuis des générations et des générations mais c’est la première fois que je peux y travailler depuis 1987. Les colons viennent toujours quand nous venons ici pour visiter les terres. Ils ne nous laissent pas travailler. Je suis tellement heureux aujourd’hui de voir toutes ces personnes venir me soutenir. Je me sens en sécurité. » (...)
Cisjordanie, octobre 2022. Un groupe de colons masqués et armés de bâtons attaque les Palestinien·nes et leurs soutiens lors d’une journée de récolte des olives organisée avec le collectif Faz3a et d’autres groupes de solidarité sur les terres du village de Turmus Ayya. La récolte s’est tenue sur des terres proches d’un avant-poste de la colonie israélienne de Shilo. Selon l’organisation israélienne Peace Now, il y a actuellement 132 colonies israéliennes en Cisjordanie, et 147 avant-postes, établis après 1990 sans l’accord explicite du gouvernement israélien. Cela représente plus de 400 000 colons en Cisjordanie. Il y a aussi plus de 200 000 colons à Jérusalem-Est. Toutes les colonies et avant-postes sont illégaux du point de vue du droit international et constituent un crime de guerre. (...)