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Une huile de palme "durable" comme l’affirme Total, est-ce possible ?
Article mis en ligne le 23 mars 2019
dernière modification le 22 mars 2019

Le pétrolier affirme que son biocarburant sera fabriqué à partir d’une matière première produite de manière respectueuse.

Total et le gouvernement ont réussi l’impossible : mettre d’accord la FNSEA, le premier syndicat agricole français, et les ONGs environnementales. L’objet de cette fronde : l’importation d’huile de palme pour alimenter la bioraffinerie de la Mède.

Cultivée majoritairement dans les zones tropicales, notamment en Indonésie et en Malaisie, le palmier à huile est extrêmement performant, le colza étant six fois et le soja dix fois moins efficaces pour une même surface cultivée.

L’huile de palme est surtout tristement célèbre pour son impact sur la survie des orangs-outans. Car pour répondre à la demande croissante depuis des décennies, on détruit de plus en plus de forêts pour faire place à des palmeraies.

Cela entraîne, et ce pour toutes les monocultures, une baisse de la biodiversité du lieu déforesté de 85%, selon le Cirad, centre de recherche français spécialisé sur la question. Face aux critiques, Total a déjà répondu, mi mai dans un communiqué, que l’huile de palme ne représentera pas plus de 50% de la production de la bioraffinerie de la Mède. L’entreprise précise également s’engager à "promouvoir un label de certification durable de haute qualité" et va mettre en place une équipe pour vérifier que l’huile de palme provienne "de producteurs certifiés RSPO". Mais une huile de palme ’durable’ comme l’affirme Total, est-ce vraiment possible ? (...)

Petit à petit, le label s’est imposé à de plus en plus d’entreprises. Entre 2009 et 2015, la production d’huile de palme certifiée a été multipliée par 20. Il y a pour autant eu de nombreux cas de non-respect des règles par les sociétés affirmant produire une huile de palme durable, relevées par plusieurs ONGs. Y compris WWF, partenaire de la certification RSPO. (...)

En 2016, 17% de l’huile de palme produite est certifiée RSPO. C’est une grosse progression pour un label parti de rien en 2004, mais il reste du chemin à parcourir pour que le secteur entier soit durable. Surtout que le risque, c’est que ce label soit l’arbre qui cache la forêt, met en garde Reporterre (...)

Exemple d’une dérive possible : les grandes entreprises comme Total s’approvisionnent dans de grandes exploitations pour créer leur biocarburant, dont la demande est en forte augmentation. Elle achète donc beaucoup d’huile de palme. Si la production certifiée ne suit pas, en bout de chaîne, une plus petite entreprise, qui respectait la labélisation, finit par s’approvisionner ailleurs.

Il y a également des perspectives d’améliorations. Une étude récente de l’IIASA, un organisme international de recherche, estime que l’on pourrait théoriquement doubler la production mondiale tout en préservant les forêts utiles à la biodiversité et au stockage du dioxyde de carbone. (...)