
Elle date de la dernière période glaciaire, abrite une hêtraie méditerranéenne rare et une biodiversité riche..
Une survivante. Rien de moins. La forêt de Valbonne, dans le Gard, est passée depuis l’ère glaciaire entre les gouttes du réchauffement climatique, des catastrophes naturelles et surtout de cette manie toujours vive chez les humains : abattre tout ce qui pousse. Aujourd’hui, le péril qui la menace mêle profits économiques et mauvaise gestion de l’Office national des forêts (ONF). (...)
Une partie de cette forêt est constituée par une hêtraie méditerranéenne, très rare. Le hêtre est une espèce qui a besoin d’une humidité atmosphérique assez forte et que l’on trouve dans les régions méditerranéennes au-dessus de 800 mètres. À Valbonne, le hêtre pousse bien plus bas. Les scientifiques ont longtemps pensé qu’elle avait été implantée par les moines de la Chartreuse auxquels elle appartenait depuis le XIIIe siècle, mais une étude du CNRS sur les charbons de bois fossiles prélevés dans les sols a montré qu’elle était beaucoup plus ancienne. (...)
À l’époque des Romains il y avait ainsi des forêts de plaines un peu partout. Elles ont toutes été coupées par les humains et en l’an 1000, il n’en restait plus. Cette hêtraie est donc rarissime à plus d’un titre. Elle abrite une biodiversité riche, mêlant des espèces de milieu plus froid et d’autres méditerranéennes. (...)
« Elle est une sorte de conservatoire, une ressource génétique intéressante pour les chercheurs » (...)
L’intérêt de la forêt est déjà connu et reconnu par tous puisque Valbonne est située dans sa plus grande partie dans un site Natura 2000 et en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type I. Elle fait également partie des « forêts anciennes à haute valeur de conservation » du WWF. (...)
Rajoutons qu’en plus d’être une survivante, la forêt de Valbonne est une vigie pour le changement climatique. Elle a vécu la dernière période de réchauffement et elle a su s’adapter. Pour les scientifiques, ses atouts sont indiscutables. Jean-Paul Mandin, docteur en écologie et fervent défenseur de la forêt, rappelle ainsi qu’elle est « une sorte de conservatoire, une ressource génétique intéressante pour les chercheurs ». Même si les hêtres ont souffert des sécheresses de ces dernières années, ils sont toujours debout.
Aujourd’hui pourtant, malgré ses atouts indéniables, la forêt de Valbonne est en train d’être en partie décimée, coupée, tranchée, empilée dans le simple but de fournir du bois de chauffage. Le non respect du plan d’aménagement initial (document établi par l’ONF pour la gestion de la forêt), qui était déjà très agressif, engendre des dommages irréversibles. (...)
La forêt est en danger. La Frapna Ardèche, l’association Terre d’Avenir, ainsi que de nombreux maires des communes environnantes et la population locale très attachée à ce lieu et consciente de sa préciosité se sont unis pour relayer cet appel. La pétition contre la destruction de la forêt a déjà réuni plus de 4.500 signatures.
Le 22 janvier 2020, le sort de cet espace exceptionnel sera tranché lors d’une audience au tribunal de Nîmes. La forêt n’a pas de voix, son cri est inaudible, alors, nous, promeneurs, population locale, associations et élus nous nous chargeons de vous faire parvenir ce cri. Entendrez-vous l’appel de la forêt de Valbonne ?