
Une enquête ethnographique, au plus près des usages et des apprentissages, portant sur ce que produit un équipement destiné à permettre un « accès à la culture » à des publics dits éloignés.
(...) Ce travail est clairement situé dans une temporalité marquée par l’éclosion des usages du numérique en France, dans la seconde moitié des années 1990 et au début de la décennie 2000, c’est-à-dire à un moment où on l’on assiste à l’arrivée, sur le marché, d’offres Internet grand public et, parallèlement, à l’émergence de la notion de fracture numérique dont l’auteur, à juste titre, nous rappelle qu’elle doit son succès rhétorique à la fois au concept anglo-saxon de digital divide, popularisé par un Al Gore qui cherche alors à promouvoir ses autoroutes de l’information, mais également au thème - récurrent dans l’histoire technologique nationale - du « retard français » ainsi qu’à la « fracture sociale » qui fut l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995.
Or, quand débute l’enquête de Fabien Labarthe (en 1998 pour se terminer à l’été 2006), la résorption de cette fracture numérique est à l’ordre du jour et parcourt l’ensemble du discours politique. De facto, on assiste à un premier déploiement des infrastructures nécessaires et, d’autre part, les pouvoirs publics reprennent à leur compte le thème de la société de l’information. (...)