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Survie
Une déclassification en trompe l’œil ?
Communiqué Paris, 8 avril 2015
Article mis en ligne le 14 avril 2015

L’Elysée a annoncé mardi 7 avril la signature d’une décision de déclassification de documents émis entre 1990 et 1995 par la présidence de la République, notamment des notes de conseillers du président François Mitterrand et des comptes-rendus de conseils restreints de défense. L’entourage de François Hollande fait savoir que d’autres archives pourraient suivre, comme celles de l’Assemblée nationale et des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, mais sans donner de calendrier.

L’association Survie, qui milite en faveur de la vérité et de la justice sur la complicité de l’Etat français dans le génocide des Tutsi au Rwanda, avait fait campagne en 2014 pour la déclassification des archives : elle avait écrit au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ainsi qu’à tous les parlementaires, avant de remettre en juillet au ministère de la Défense une pétition en ce sens signée par plus de 7000 personnes [1]. Elle accueille donc cette nouvelle avec satisfaction.

Cependant, il est vraisemblable que les documents mentionnés sont déjà connus. Il s’agit apparemment d’une sélection opérée à l’époque par Françoise Carle, collaboratrice de François Mitterrand. Il n’y a donc pour le moment aucune certitude que l’ensemble des archives de l’Elysée concernant la politique menée au Rwanda, si tant est que toutes aient été conservées, soit rendu public. Le fonds Carle, connu depuis une dizaine d’années, a d’ailleurs été pour l’essentiel publié aux éditions Aviso en 2012, sous le titre Rwanda. Les archives secrètes de Mitterrand. Si, comme cela semble être le cas, la déclassification dont il est question porte sur ce dossier, elle permettra de l’authentifier officiellement, mais n’apportera pas d’informations nouvelles.

Il est donc à craindre que les questions à nouveau soulevées en 2014, lors de la vingtième commémoration, restent sans réponses. Parmi elles : la formation du gouvernement génocidaire dans les locaux de l’ambassade de France à Kigali ; les livraisons d’armes pendant toute la durée du génocide, y compris pendant l’opération Turquoise ; les objectifs réels de cette opération présentée comme « humanitaire ». (...)