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La paix maintenant
Une configuration perdant-perdant pour Israël
par Amos Oz
Article mis en ligne le 2 août 2014

« “L’offensive terrestre d’Israël est excessive” a déclaré Amos Oz à la radio allemande Deutsche Welle. Il critique également la stratégie du Hamas, voulant que les victimes, tant israéliennes que palestiniennes, renforcent à Gaza le pouvoir de l’organisation. »

(...) Je propose de nous rapprocher d’Abu Mazen [le président palestinien Mahmoud Abbas, ndt] et d’accepter les termes d’un accord – que le monde entier connaît – pour une solution à deux États et une coexistence entre Israël et la Cisjordanie : deux capitales à Jérusalem, un accord sur des modifications territoriales et le retrait de la majorité des implantations juives de Cisjordanie.

Lorsque Ramallah et Naplouse, en Cisjordanie, vivront dans la prospérité et la paix, je pense que le peuple de Gaza fera au Hamas ce que le peuple roumain a fait à Ceausescu. Je ne sais pas combien de temps cela prendra, mais cela adviendra, pour la simple raison que le peuple de Gaza sera jaloux de la liberté et de la prospérité de ses frères et sœurs en Cisjordanie, dans l’État de Palestine. Voilà, de mon point de vue, quelle est la solution, et j’ai bien conscience qu’elle n’adviendra pas sous 24 ou 48 heures.

DW : Pouvez-vous imaginer un État palestinien qui ne soit pas hostile à Israël ?

AO : Absolument. La majorité des Palestiniens ne tombera pas amoureuse d’Israël, mais ils accepteront, en serrant les mâchoires, que les Juifs israéliens restent ici, comme la majorité des Israéliens accepteront, sans joie et en serrant les mâchoires, que les Palestiniens sont ici pour y rester. Ce n’est certes pas une lune de miel, mais simplement un divorce équitable, comme cela s’est fait entre la Tchéquie et la Slovaquie. (...)

La haine, l’amertume, la suspicion, la méfiance augmentent. Mais c’est le cas pour toute guerre. Il est classique, et sentimental, d’espérer que les ennemis finiront par se comprendre, par s’aimer, et finalement par se réconcilier pour faire la paix. Mais dans l’histoire, les choses se passent pas comme cela. Les ennemis, avec leurs cœurs emplis de haine et d’amertume, finissent par signer un traité de paix en serrant les mâchoires et avec des sentiments de revanche. Ensuite, avec le temps, l’émotion s’émousse graduellement. (...)

L’occupation corrompt, même lorsqu’elle est inévitable. La brutalité, le chauvinisme, l’esprit étroit, la xénophobie sont les symptômes classiques des conflits et de l’occupation. Cependant, l’occupation israélienne en Cisjordanie n’est plus inévitable.
(...)