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Non-Fiction
Un terroriste peut-il être un héros romanesque ?
Article mis en ligne le 27 août 2017

« Trait pour trait » interroge la capacité du roman à rendre compte d’un crime impensable, le terrorisme, sans faire de ses acteurs des héros.

Les terroristes peuvent-ils seulement être des personnages de fiction ? Leur radicalité ne contribue-t-elle pas à faire exploser, voire imploser, ce qui se présente comme leur personnage ? Le terrorisme conduit à la tragédie dans ses actes et aussi dans l’écriture qui tente de le dire. En cela il tue la fiction. Comme l’écrit Francis Parel, dans la postface de Trait pour trait, il est à redouter que le réel rattrape la fiction. Par-delà l’histoire d’une course contre la montre qui met en scène la lutte policière contre des terroristes venus en France pour y semer la destruction, son roman est aussi une réflexion sur la capacité du roman à dire la terreur.

Le livre se construit en deux moments, structurés autour de protagonistes différents. Une première partie, écrite dans un style journalistique, livre le récit d’une semaine d’attentats à Paris, que le lecteur suit pas à pas, à la recherche des causes. Puis une seconde partie, écrite dans un style plus romanesque, se concentre sur deux figures féminines, pour construire le personnage véritablement héroïque d’Amel, et la rédemption de sa sœur Aziza. D’un temps à l’autre, d’un groupe à l’autre, Trait pour trait met ainsi en parallèle deux discours religieux. Le jihad intégral des terroristes se voit corriger par un amour presque évangélique. A rebours de la conception islamique du martyr comme moudjahid, qui se construit dans le combat, il cherche ainsi à corriger toute tentative d’héroïsation des terroristes.
C’est en 2005, que parut d’abord ce roman, aux éditions Payot. Il est réédité aujourd’hui aux éditions Slatkine, avec une postface de l’auteur. Dès sa première parution, le roman se présente comme une fiction, et tente dans le même temps de comprendre les ressorts du terrorisme. Plusieurs points de vue se croisent dans le récit, aucun n’étant privilégié. Le lecteur se retrouve plongé au cœur des rouages policiers et terroristes, dont il suit jour par jour, heure par heure, le quotidien. Le texte s’écrit à la façon d’un journal de bord. Chacun y défend sa position. Prêts à mourir en martyrs, les terroristes ont face à eux des hommes et des femmes qui n’ont pas fait le même choix. Ce déséquilibre dit la violence et la lâcheté. Le courage, chez les terroristes, est la réponse à un dressage mécanique. Du côté du personnage Amel, son courage est un choix : celui de sa réflexion, et du refus du silence. (...)