
Quand les habitants du Tanger des quartiers populaires ont appelé la population à couper l’électricité le samedi 17 octobre 2015 et s’éclairer aux bougies, pour protester contre la hausse de la facture d’eau et d’électricité, le mouvement a été largement suivi dans les autres quartiers de la ville, et s’est poursuivi pour rassembler chaque samedi d’énormes manifestations populaires qui ont bravé les forces de répression. « La révolte des bougies » s’est propagée à d’autres villes du nord Ksar, M’Dik, Fnidek, et obligé les représentants du pouvoir, dirigeants, élus, responsables et… ceux de la société délégataire Amendis à parler un autre langage que celui de la matraque et des menaces.
La dernière manifestation du samedi 14 novembre 2015, la 5e, depuis le début du mouvement parti de Tanger pour réclamer « dégage Amendis ».
Malgré les promesses, les divisions, et le retour des « baltagis » à Tanger : entre pression et répression, les habitants continuent à réclamer « dégage Amendis ».
À Tanger, pour ce 5e samedi de contestation contre Amendis, les habitants ont été bloqués par des bandes au service du pouvoir : les « baltagis », drapeau et portrait du roi brandis, ils ont bloqué les manifestants sortis de plusieurs quartiers populaires pour rejoindre le centre de la ville et continuer à réclamer le départ d’Amendis.
Le débat sur le retour à la gestion publique de l’eau, électricité a été relancé grâce à ce mouvement citoyen qui a pris la rue et obligé le gouvernement à sortir de son silence, et mettre à nu sa complicité avec la gestion défaillante d’Amandis, les malversations, les promesses non tenues, le non respect du contrat, la cherté des factures, corruption et détournement, complicités avec les élus et le pouvoir.
De nombreux articles et documents attestent contre Amendis (...)
La large mobilisation populaire initiée par le mouvement de 20 février 2011 dans le contexte des soulèvements des peuples de la région a déjà montré les grandes difficultés des organisations de lutte à s’enraciner et accompagner cette dynamique. Et c’est cette déception politique qui les gagne maintenant après l’extinction du mouvement... et l’espoir d’une Révolution dans une région aujourd’hui menacée de terreurs et de guerres causées par les différentes interventions impérialistes.
Alors qu’est soulevée, ici et maintenant, par ce mouvement populaire, à travers cette lutte exemplaire et avant-gardiste, une question qui concerne toute la société à Tanger et dans la région, au Maroc, dans les pays du Sud comme du Nord et partout ailleurs dans le monde mondialisé.
La population est prise en otage, entre une société multinationale qui dicte sa loi, et un pouvoir incapable de reprendre en main la gestion de l’eau et l’électricité, notre bien commun. Un pouvoir incapable de ramasser les ordures qui inondent les rues, ni soigner sa population, encore moins l’éduquer, préserver son environnement… à quoi sert-il, est-on bien obligé de nous demander ?
Une leçon qui ne doit pas passer sous silence un appel à tous les peuples « privatisés », pollués, endettés, colonisés : nos ressources vitales, notre bien commun, notre souveraineté ne sont pas à vendre !
Exigeons des comptes, organisons des audits citoyens, prenons en main notre avenir…