Le docteur Thomas est-il un escroc qui a abusé des étrangers en difficulté ou un médecin trop compatissant victime de sa bonne volonté ? Depuis près d’un mois ce généraliste installé cours Victor Hugo, en lisière du quartier Saint-Michel à Bordeaux, est incarcéré à la maison d’arrêt de Gradignan. Il a été mis en examen le 23 septembre dernier pour « corruption passive d’un personnel de santé en vue d’établir des certificats inexacts, aide au séjour irrégulier d’étrangers en France et complicité d’offre et de cession de substances vénéneuses ». La justice lui reproche d’avoir monnayé des faux certificats médicaux à des étrangers sans-papiers pour leur permettre de rester en France, avec la complicité de Joran Suils, porte-parole de l’association Citoyens du Monde. Le docteur Thomas est également soupçonné d’avoir délivré sans y regarder de trop près des drogues de substitution comme le subutex.

Connu dans son quartier pour « faire du social », le médecin ne comptait pas ses heures et ne sélectionnait pas sa clientèle. Il recevait dans son cabinet toute une frange de la population défavorisée voire carrément en marge. « Il soignait des immigrés, des toxicos et il lui est arrivé de délivrer du subutex » explique une de ses proches qui a monté un comité de soutien, « c’est vrai qu’il est laxiste, généreux et humaniste mais il est incapable d’escroquer qui que ce soit. D’ailleurs il pratiquait des actes gratuits quand les gens n’avaient pas les moyens de payer. » Plusieurs associations comme la Ligue des Droits de l’homme ou le réseau éducation sans frontières ainsi qu’une dizaine de confrères médecins ont déjà adhéré au comité de soutien et sont convaincus de l’innocence de Jean-Michel Thomas dans cette affaire. Des commerçants du quartier font également signer une pétition. Son avocat, maître Eric Visseron récolte actuellement tous ces témoignages de soutien pour les verser au dossier.