
Le tremblement de terre qu’a subi Haïti est l’une des plus grandes catastrophes « naturelles » de
ces dernières décennies. L’ampleur de la réponse
humanitaire s’annonce également forte, mais cette « aide » des pays du Nord doit être accompagnée
de profonds changements de leur politique.
Si la catastrophe géologique relevait des risques certains dont l’irruption est imprévisible,
l’instabilité politique, amplifiée par le séisme, régnait de
longue date. Cela n’empêchait pas de nombreux pays – dont la France, en particulier dans les
départements de la Caraïbe – de maltraiter les migrants
haïtiens. Les obstacles mis à leur régularisation, les arrestations et les expulsions se sont
d’ailleurs multipliés ces dernières années, souvent au mépris
du droit en vigueur. De plus, alors que la situation du pays est connue depuis longtemps, un accord de
gestion des flux migratoires, contenant
notamment une clause sur la réadmission automatique des Haïtiens interpellés, est en cours de négociation.
La « suspension » des expulsions annoncée par Eric Besson relève une nouvelle fois de l’effet
d’annonce : les expulsions vers Haïti sont matériellement
impossibles à mettre en œuvre....
....Pour apporter un véritable soutien à la reconstruction sociale et économique de ce pays, il faut attribuer aux Haïtiens exilés le droit au séjour et au
travail. L’administration Obama a annoncé qu’elle allait accorder une protection temporaire et un permis de travail aux dizaines de milliers d’Haïtiens vivant en situation irrégulière aux États-Unis. Le Conseil européen peut prendre le même type de décision, en application d’une directive européenne de 2001...