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Un contexte propice à l’indignation
Article mis en ligne le 22 octobre 2014
dernière modification le 14 octobre 2014

Alors que l’Espagne vit une crise humanitaire sans précédent, le mouvement social subit une répression constante d’un régime qui a peur du changement et protège ses intérêts. Le bipartisme qui s’alterne au pouvoir depuis la fin de la dictature est fort affaibli par une succession de luttes sociales victorieuses et l’irruption de nouvelles initiatives populaires qui mettent en pratique de nouvelles façons de faire de la politique. A n’en pas douter, l’Espagne entre dans une nouvelle phase de mobilisation qui augure de possibles changements politiques importants.

« Une situation pré-révolutionnaire éclate, annonçait Lénine, lorsque ceux d’en haut ne peuvent plus, ceux d’en bas ne veulent plus, et ceux du milieu basculent avec ceux d’en bas. »

En Espagne, sous un gouvernement du Parti Populaire (PP) teinté d’une extrême droite |1| monarchiste liée à l’Opus Dei, la dette poursuit son cours ascendant frôlant les 100% du PIB. L’austérité continue de frapper alors que la fraude fiscale des plus aisés supprime 80 milliards d’euros des recettes de l’État chaque année. |2| Les mesures antisociales aux conséquences incalculables imposées par les créanciers empêchent toute vie digne et condamne la population à la misère dans un pays où l’on parle déjà de malnutrition infantile, où des enfants à jeun s’évanouissent sur les bancs d’école ; un pays où l’on compte près de 6 millions de chômeurs dont une grande partie ne reçoit aucune aide ; où le nombre de foyers dont tous les membres actifs sont au chômage a été multiplié par quatre en cinq ans et est passé de 380 000 en 2006 (2,6%) à plus de 1 million 900 000 en 2013 (11%) |3| ; où une personne sur quatre vit dans la pauvreté et trois millions survivent dans l’extrême pauvreté avec moins de 307 euros par mois, soit le double de celles et ceux qui étaient dans cette situation au début de la crise en 2008 |4| ; où des centaines de milliers de familles sont expulsées de leurs logements pour ne plus pouvoir assumer une dette impayable qui les poursuit même après avoir été mis à la rue...

Obnubilé par sa pensée unique, le pouvoir en place tente de vendre un futur radieux où nous bénéficierions d’une croissance énergivore destructrice pour le plus grand bénéfice des grandes entreprises. Les médias nous vantent la sortie de la Troika, comme en Irlande ou au Portugal, alors même que les « hommes en noir » de la Troika, comme on les surnomme en Espagne, poursuivent leurs missions depuis les bureaux des ministères ou leurs hôtels de luxe, afin de contrôler les comptes publics et justifier leurs politiques de régression sociale |5|. Dans la grande crise aux multiples facettes que nous traversons, seule une action populaire révolutionnaire serait à même de renverser la caste oligarchique en place pour enfin remettre les rênes du pouvoir au peuple, sans quoi les effets du capitalisme mortifère perdureront, au dépend de l’humain et son environnement.

Une « reprise » invisible pour les 99% de la population