Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Un Manifeste révolutionnaire féministe
« FÉMINISME pour les 99 % » UN MANIFESTE de Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya et Nancy Fraser, traduit de l’anglais (États-Unis) par Valentine Dervaux, édition La découverte, Paris, mars 2019, 125 pages.
Article mis en ligne le 12 novembre 2019
dernière modification le 11 novembre 2019

Dans une précédente présentation d’ouvrage intitulée « Le capitalisme patriarcal » de Silvia Federici Reproduire pour produire, je mettais en évidence l’analyse de l’auteure concernant le rôle central, car primordial, du travail reproductif gratuit dans l’accumulation du capital et donc du profit engendré par l’exploitation de ce travail « domestique » attribué aux femmes dès la seconde moitié du XIXe siècle.

Le travail de reproduction à prendre dans un sens large comprend tous les actes liés au développement de la vie (nourrir, soigner, veiller, enseigner, entretenir les liens sociaux…) et sans lesquels la classe capitaliste n’aurait pas d’êtres humains à exploiter.

Dès le moment où le système capitaliste a organisé l’exploitation rentable du travail de reproduction dans les foyers en imposant une division genrée entre travail économique productif, attribué essentiellement aux hommes et rapportant un salaire, et le travail reproductif ne « nécessitant » pas une rémunération, les femmes se sont rebellées contre cette dépendance à l’homme, imposée. (...)

Cent cinquante ans plus tard, le système capitaliste néolibéral sans limites a adapté ses formes d’exploitation en marchandisant tout, même une bonne part du travail de reproduction. Certains métiers comme ceux de femme d’ouvrage ou de garde d’enfant consistent à prendre en charge des travaux de reproduction pour le compte de professionnelles plus aisées et épuisent des travailleuses dans des tâches peu gratifiantes pour arriver à boucler les fins de mois et faire vivre leur propre famille.
Le remboursement des dettes souveraines soumet les États aux exigences anti-sociales des détenteurs de capitaux et l’emprise des dettes à la consommation « emprisonnent » les populations dans un cercle vicieux d’appauvrissement qui impacte toute activité de vie.

Depuis deux bonnes années, nous assistons à de nouveaux et imposants soulèvements de femmes à un niveau international (Espagne, Argentine, Pologne, États-Unis...) qui dénoncent ce système économique destructeur de leur vie. Dans la postface de ce livre, nous lisons « Alors que le capital aspire uniquement à accroître ses profits, à l’inverse, les personnes de la classe ouvrière se battent en tant qu’être sociaux afin de mener des vies décentes et riches de sens. Ces buts sont fondamentalement irréconciliables car l’accumulation du capital ne peut se faire qu’au détriment de nos vies. » (p.106-107)

C’est en analysant les revendications de ces nouveaux mouvements féministes que les auteures ont rédigé ce manifeste « Féminisme pour les 99 % ». (...)

Un féminisme pour l’amélioration des conditions de vie de l’immense majorité des femmes mais aussi des hommes. (...)

Un manifeste plein d’espoir, pour un anticapitalisme radical, programmant l’égalité, la justice et la liberté pour toutes et tous . (...)

« Le véritable enjeu des luttes pour la reproduction sociale est d’établir la primauté de la vie sur le profit » (...)

Pour relever ce défi, les auteures affirment la nécessité que les féministes s’allient aux autres mouvements anti- système capitaliste : les mouvements antiracistes, écologistes, pour les droits des migrants et de tou-te-s les travailleu-ses-rs. « En réalité, cette solidarité est plus forte lorsque nous reconnaissons nos différences – la diversité de nos modes de vie, de nos expériences et de nos souffrances, la spécificité de nos besoins, de nos désirs et de nos exigences, et la pluralité des formes d’organisation qui nous correspondent… Le féminisme pour les 99 % cherche à réunir les mouvements existants et futurs en une large insurrection mondiale » (...)