
Voilà quinze ans qu’un petit territoire breton a entamé sa mue écologique. Le Mené est devenu le symbole d’une transition écologique en voie d’achèvement. Sa recette ? Puiser dans ses quelques ressources locales – biomasse, soleil et vent – pour produire une grande partie de l’énergie consommée. Et s’appuyer sur la force des liens sociaux, la créativité de ses habitants et la concertation horizontale. Quitte à déranger certains intérêts.
(...) « Bref, à première vue, nous avons peu d’atouts », sourit Jacky Aignel, maire de Saint-Gouéno, l’un des sept bourgs de ce petit pays. « Mais nous avons des richesses : le vent, la biomasse, le soleil et, surtout, une très forte envie de faire des choses ensemble. Pour que notre territoire vive, et que nous puissions y rester. » Et c’est ce qui a fait la différence. Progressivement, le Mené construit son autonomie énergétique et crée même des emplois. (...)
Il y a d’abord Géotexia, l’usine de méthanisation, qui produit du biogaz à partir des déchets organiques. Elle fête son premier anniversaire. « Le projet est né d’un constat : nous avions trop de lisier, et comme nous sommes en tête de bassin versant, cela posait des gros soucis environnementaux, explique Josette Vivier, de l’association Mené initiative rurale (MIR), à l’origine du projet.
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Implantée sur un terrain acheté par la communauté de communes, l’usine de méthanisation produira chaque année 12 à 15 gigawattheures. De quoi couvrir les besoins d’environ 3 000 habitations, hors chauffage. (...)
« La filière de chauffage au bois a aussi fait sont entrée dans le Mené », ajoute Josette Vivier. Cinq agriculteurs, membres de l’association, choisissent alors ce mode d’énergie. Depuis, l’idée a cheminé. Deux réseaux de chaleur alimentés par du bois déchiqueté local sont d’ores et déjà opérationnels. (...)
Financés jusqu’à 60 % par des investissements publics [1], les divers projets lancés dans le Mené ont un temps de retour sur investissements moyen de huit ans. « Le cabinet Solagro, qui a fait un état de lieux en 2004 pour mieux cerner les leviers d’action à notre disposition, a mis en évidence que les dépenses énergétiques entraînaient, chaque année, le départ de 9 millions d’euros du territoire, précise Laurent Gaudicheau. Le gisement de richesses est flagrant. » Grâce à la méthanisation puis à la création d’une filière bois locale, l’argent peut servir à d’autres investissements. Tout cela n’aurait pas été possible si le Mené avait sombré dans l’austérité budgétaire... (...)
Une politique énergétique qui tranche avec la France du nucléaire, où tout est agencé et décidé, pour tout le monde, par EDF. Créativité, autonomie, démocratie horizontale, sobriété… De quoi inspirer de nombreux autres territoires.