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Le Monde
Traiter de concert urgence climatique et urgence sociale
Article mis en ligne le 23 juin 2020

L’exercice était périlleux. Mais la convention citoyenne sur le climat a respecté sa feuille de route et s’impose dans sa double dimension, démocratique et écologique.

Editorial du « Monde ».

Au moment où l’urgence climatique impose au pays des choix forts, la conclusion des travaux de la convention citoyenne sur le climat apparaît prometteuse. Il n’était pas écrit d’avance que 150 citoyens tirés au sort et réunis à intervalles réguliers dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental parviennent, en l’espace de neuf mois, à réaliser ce qui était attendu d’eux : formuler des propositions précises visant à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 « dans un esprit de justice sociale ».

L’exercice était d’autant plus périlleux qu’il intervenait après le rejet de la taxe carbone, dont la montée en puissance, pourtant adoptée à une très large majorité par le Parlement, avait suscité une véritable rébellion populaire.

Il était d’autant plus attendu que le président de la République avait investi la convention d’une mission qui dépassait largement le simple cadre consultatif : rédiger un certain nombre de mesures réglementaires et législatives qui pourraient être soumises « sans filtre » aux autorités compétentes. Et désigner, parmi ces dernières, celles qu’elle souhaitait voir soumises à référendum. (...)

La feuille de route a été respectée : plus de 150 propositions ont été remises, dimanche 21 juin, à la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne. (...)

Pour qu’une juxtaposition de réflexions individuelles, ancrées dans le vécu quotidien, se transforme en « un chemin collectif », il aura fallu développer toute une ingénierie participative. Près de 140 experts, venus de tous horizons, ont été auditionnés ; des animateurs ont encadré les travaux de chaque groupe de travail ; un comité de pilotage a veillé à la bonne marche de la convention, sans que les citoyens aient pour autant exprimé la crainte d’avoir été manipulés. Convaincus d’avoir donné naissance à une nouvelle forme de démocratie représentative, ils ont décidé de créer une association pour veiller collectivement à la mise en œuvre de leurs conclusions. Le message est clair : la démocratie participative peut être l’une des réponses convaincantes à la crise de la représentativité, à condition que la réponse du président de la République soit, maintenant, à la hauteur. (...)

Emmanuel Macron et son gouvernement se retrouvent ainsi au pied du mur dans une double dimension démocratique et écologique. Les déconvenues ont été nombreuses, ces dernières années. (...)

Cette fois, il n’y a plus le choix : l’urgence est telle qu’il faut agir, et fort, en profitant de l’élan donné par la convention. Car, même si deux sujets essentiels ont été éludés – le sort de la taxe carbone et la part du nucléaire dans le mix énergétique –, des propositions citoyennes sont là, fortes, concrètes et évaluées. Elles ouvrent la voie à une action rapide, même si son financement et son impact climatique restent à déterminer précisément. Surtout, la prise de conscience des Français autour de la catastrophe écologique a tellement progressé que tout retard serait désormais considéré comme un manquement grave (...)