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Basta !
Traitements aux pesticides, sols asséchés, invendus incinérés : faut-il encore acheter un sapin de Noël ?
#sapindeNoel #Morvan
Article mis en ligne le 2 décembre 2022

Plus d’un million de sapins sont produits chaque année dans le Morvan. Avec son lot de pesticides. « Oui il faut garder et créer des emplois, mais pas à n’importe quel prix », alerte Muriel André-Petident, du collectif d’habitants du Morvan.

En achetant un sapin de Noël, vous détruisez un peu de prairies, un peu de forêts, un peu d’eau, un peu du Morvan. Depuis le début de l’industrialisation, il y a plus d’un siècle, le Morvan subit un pillage de ses ressources. (...)

Aujourd’hui, la pression sur ses richesses s’affole : coupes rases de forêts, de feuillus, enrésinement massif, monocultures, suppression progressive de l’élevage et de parcelles agricoles au profit de panneaux photovoltaïques, méthanisation à grande échelle, monoculture intensive et polluante de sapins de Noël... Les seuls arguments, perpétuant de facto la surexploitation et donc la destruction du territoire, restent l’emploi et le sempiternel « on ne sait pas faire autrement ». (...)

La monoculture intensive détruit les sols (...)

On déterre un sapin, on en plante un autre, on arrose d’engrais chimiques et autres pesticides, on épuise les sols, pour toujours davantage de rendements.

Imaginez des cultures de sapins sur sol pentu sans un brin d’herbe, avec des passages d’engins répétés pour les sept à dix traitements chimiques de synthèse annuels (fongicides, insecticides, herbicides...). Sur la terre à nu, l’eau ravine, le sol est lessivé et les produits s’écoulent dans les sources, dans les ruisseaux et les rivières. Les systèmes racinaires des sapins de Noël, affaiblis par les traitements, ne sont pas suffisamment denses et solides pour jouer leur rôle. Les sources sont polluées. Certains villages n’ont plus d’eau potable. (...)

Mais la production de sapins de Noël rapporte gros aux agriculteurs et aux pépiniéristes. (...)

Le sapin de Noël n’est donc pas un arbre que l’on va couper en forêt, il est cultivé en rangs d’oignons, comme des carottes ou des poireaux, sur des centaines d’hectares dédiés [1]. Après les fêtes, il est ensuite jeté comme un kleenex, en rejetant le peu de carbone qu’il a stocké, les invendus encore sous filets plastiques sont incinérés par le producteur, au grand air du Morvan. Il y a aussi ceux qui sont vendus en pot, et là ce sont des tonnes de terre si précieuse qui quittent les collines du Morvan. Les producteurs de sapins de Noël se tirent une balle dans le pied avec cette vision court-termiste fondée sur le profit immédiat. C’est « après moi le déluge ! »

Des emplois oui, mais des emplois dignes (...)

Pas au détriment de l’environnement, de la qualité de l’eau et de l’air ; pas au détriment des sols déjà si fragiles ; pas au détriment de la biodiversité, pas au détriment du vivant. Des emplois oui, mais des emplois dignes. Les employés saisonniers sont exposés aux produits au moment de la culture et à la récolte, et c’est sans compter les produits de conservation et autre « floconnage » juste avant la vente.

Pour se donner bonne conscience, les producteurs visent le label européen (IGP : indication géographique protégée), mais ça ne changera rien au saccage du Morvan par la culture du sapin de Noël ! Ça ne fera qu’ajouter une structure complice à cette destruction en règle. (...)

Nous devons exiger des cultures propres

Quel sens a l’achat d’un sapin de Noël aujourd’hui quand on sait tout cela ? (...)

Notre collectif d’habitants du Morvan demande que ces biens communs, l’eau et la biodiversité, soient protégés et ne soient pas détruits en toute impunité.

Il faut diversifier l’agriculture, exiger une agriculture sans pesticides ni intrants chimiques, faciliter l’installation de jeunes agriculteurs en petites productions. Faciliter l’accès au foncier plutôt que privilégier l’agrandissement. Il faut rouvrir les commerces de proximité dans les villages, dynamiser le tourisme, proposer des offres d’hébergement, accueillir des petites entreprises créatrices d’emplois vertueux, etc. (...)

Les Morvandiaux ne peuvent accepter que leur territoire soit détruit encore et encore, même pour un label européen