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Les dessous de Bruxelles
Traité de Lisbonne (bis) ou la « stratégie du choc »
Article mis en ligne le 13 décembre 2010
dernière modification le 11 décembre 2010

Lors du sommet européen du 16 et 17 décembre, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne réunis à Bruxelles devraient finaliser l’accord politique pour une modification du traité de Lisbonne, sur la base d’un rapport préparé par le Président du Conseil, Herman Van Rompuy. Cette réforme est censée préparer la pérennisation du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF), qui a déjà sévi en Irlande et en Grèce, et dont la garantie s’étend jusqu’en juin 2013.

Le gouvernement allemand, appuyé par la France, avait soumis au Conseil de l’UE le 29 octobre dernier une proposition en deux volets : la pérennisation du Fonds Européen de Stabilité Financière et le renforcement substantiel du pacte de stabilité. Retour sur cette nouvelle « gouvernance économique » de l’UE qui pourrait bien s’avérer synonyme de lendemains qui déchantent pour les européens. (...)

On aurait pu s’en douter, l’annonce d’une telle mesure a provoqué un véritable scandale dans les milieux financiers [2], et le gouvernement français a déjà plaidé pour qu’une telle mesure soit de portée minimale [3].

Or il y a fort à parier que les propositions présentées au sommet du 16 et 17 décembre aillent dans ce sens : caractère non-automatique, cadre juridique flou, majorité très forte des créanciers requise pour tout accord, encadrement par la commission européenne dont on connaît la virulence à l’égard des marchés financiers. C’est du moins l’avis de Frédéric Lordon, qu’il étaye dans son article dédié à cet hypothétique Mécanisme de Restructuration des Dettes Souveraines - dont un acronyme soigneusement choisi s’avère pour le moins savoureux [4]…

En contrepartie de cette hypothétique - et néanmoins intolérable - atteinte à la liberté de plumer son prochain, la proposition franco-allemande suggère une réforme profonde de la « gouvernance » de la zone euro. Au programme : de la « discipline », des contrôles et des sanctions, non pas pour les marchés financiers (dont la probité et la responsabilité sont désormais proverbiales), mais bien pour les Etats (dont la gestion erratique est assurément la Mère de Toutes les Crises).(...)

Cette « discipline » monétaire n’a d’autre déclinaison pratique que la mise en place, à l’échelle européenne, de drastiques politiques d’austérité. Elles soulignent l’absurdité de la proposition franco-allemande qui vise à sauvegarder le statu quo monétariste : en effet, elles sont à la fois injustes et inefficaces, comme nous l’avions fait remarquer dans un précédent article.

Injustes, elles supposent de faire payer par les salariés les dégâts provoqués par la finance, en induisant de fortes réductions des dépenses sociales, des salaires et des services publics, participant à l’augmentation des inégalités. (...)

Tout se passe comme si les crises grecque et irlandaise étaient l’occasion pour les élites financières et les technocraties européennes de mettre en œuvre la « stratégie du choc », en profitant d’une situation exceptionnelle pour approfondir l’agenda néolibéral… Alors même que la crise est le fait des politiques menées ces vingt dernières années, dont la réforme annoncée du traité de Lisbonne apparaît comme la radicalisation.

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