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« Tout se relâche à partir de 30 ans » (Petit lexique des rédactrices « Beauté » des magazines féminins)
Article mis en ligne le 11 août 2012
dernière modification le 8 août 2012

On le sait : la presse féminine constitue le support publicitaire numéro un d’une industrie cosmétique qui ne connaît pas la crise. Maquillage, produits de soins pour le visage, les mains, le corps et les cheveux, tout ce qui tourne autour de la beauté fournit l’essentiel des pubs qui remplissent les pages de Marie-Claire, Elle, Votre Beauté et autres.

A en croire le discours publicitaire de l’industrie cosmétique, la peau de femme est une substance souffrant perpétuellement d’asphyxie, de soif et de faim. Elle est comme une terre fragile menacée de craquellement et de stérilité, qu’il faut constamment gorger d’eau, d’engrais, de sève, de principes actifs, de sérums et d’élixirs. Elle est atone, faible, sans tenue, et a besoin pour survivre d’apports quotidiens de « concentrés de vie », « de bio-sève encapsulée » de « fuel vital ». Pour accroître sa capacité d’absorber les fluides essentiels dont elle manque tellement, il faut la doter de « réactivateurs de micro-éponges cutanées ».

Ce discours incessant sur la qualité naturellement déplorable de la peau de femme semble être le dernier avatar du mythe de la fragilité féminine. Curieusement, plus on oublie de parler de la fragilité sociale des femmes, des menaces réelles qui pèsent sur leur situation économique, plus on met l’accent sur leur faiblesse épidermique. (...)

A la lecture de cette littérature, la peau de femme apparaît comme un capital dans lequel il faut investir le plus d’argent possible, le plus tôt possible. Elle fonctionne comme une épargne retraite individuelle. Si l’on veut préserver ses capacités ultérieures de jouissance sociale et narcissique, il faut entretenir son bien, faire preuve de prévoyance. Celles qui n’auront pas su choisir « librement » entre les innombrables produits et les techniques proposés par les « rédactrices beauté » n’auront à s’en prendre qu’à elles-mêmes...

Pour faire passer l’amère potion, les « journalistes » beauté écrivent de temps à autre que l’on peut être « belle à cinquante ans », donnant ainsi un peu d’espoir à un lectorat perclus d’angoisse, fournissant un alibi vaguement politiquement correct à une prose qui ne fait que recopier et amplifier le discours publicitaire..

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