
L’agent du bureau de Poste du Molay-Littry qui a tenté de se suicider lundi 25 novembre 2019, avait envoyé un courrier juste avant son geste au syndicat SUD PTT pour l’expliquer.
L’homme, dont les jours ne sont plus en danger et qui est depuis sorti de l’hôpital, avait fait parvenir, quelques minutes avant son geste, un courrier manuscrit explicatif au syndicat SUD PTT 14. Dans cet écrit que nous avons pu consulter, l’agent met directement en cause « les dirigeants de La Poste Basse-Normandie et leurs donneurs d’ordre ». Il y explique notamment :
La Poste ne sait que casser, briser physiquement et psychologiquement ses collaborateurs. Pour moi, le chemin s’arrête ici…
Un déplacement lointain plutôt qu’un aménagement de poste ?
Le matin même de ce 25 novembre, il avait reçu un courrier lui signifiant un changement temporaire de bureau à partir de lundi prochain, 2 décembre 2019. « La Poste voulait le déplacer de 80 km aller-retour de son lieu de travail habituel, alors que le médecin de prévention avait prescrit un aménagement de poste en raison de problèmes de santé récents », explique François Marsault, de SUD PTT 14.
Dans sa lettre, l’agent raconte son burn-out « uniquement dû à mes conditions de travail » et sa reconstruction grâce à ses collègues et ses responsables locaux, avant que la situation ne se dégrade à nouveau. Il écrit : « Depuis plusieurs semaines, La Poste exerce des pressions sur moi pour pouvoir imposer une nouvelle réorganisation. Elle me demande de choisir entre l’aménagement de mon poste de travail ou rester au Molay-Littry. Mais j’ai besoin des deux ». (...)
SUD PTT avait alerté la direction
Alerté de l’intention de la direction de l’envoyer à Caen, le syndicat avait contacté cette dernière par téléphone et par écrit dès le vendredi 22 novembre. Dans ce mail qui nous est également parvenu, SUD PTT 14 demande clairement à la direction d’opter pour une autre solution et lui propose d’organiser « une rencontre au sujet de cette situation avant toutes décisions contraires à la protection et aux droits du personnel ».
« Nous n’avons pas été entendus et sans aucun respect des différents textes, la direction a fait remettre cette lettre dévastatrice à notre collègue », regrette François Marsault, qui assure par ailleurs « que vouloir déplacer un salarié aussi loin, c’est du jamais vu ! »
« Une politique de La Poste très éloignée de l’humain »
Le syndicat, non content du résultat du CHSCT extraordinaire (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui s’est tenu le lendemain, mardi 26 novembre, en attend plus :
Réuni à notre demande, il n’a pas apporté de réponses à nos interrogations et n’a pas traité les causes de ce geste. Nous attendons une nouvelle convocation de notre CHSCT et nous dénonçons la politique de La Poste, très éloignée de l’humain.