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Le Grand Soir
Tell rumeida (Hébron, novembre 2013) paradis des colons, enfer des Palestiniens
27 novembre 2013
Article mis en ligne le 1er décembre 2013
dernière modification le 29 novembre 2013

Des oliviers millénaires déracinés pour être vendus en Israël, des ceps des treilles sciés à la
tronçonneuse, du poison pour tuer la vigne...

Ce que vous allez lire est le récit exclusif d’une de nos lectrices, écrivain (1), militante contre la peine de mort. Elle partage sa vie entre le Sud-Ouest de la France et le Moyen-Orient. Elle revient de Palestine où elle séjourne régulièrement depuis des années.
Elle décrit ici avec sobriété et retenue l’arrogance des uns, les humiliations des autres, les menaces, les maisons envahies et pillées parfois, les enfants battus, les jets de pierre, les insultes, les interdictions diverses, la vie à Hébron, quoi.

Et, en filigrane, la défaite annoncée de l’occupant contre un peuple dont la résistance ne faiblit pas.

La colline où fut fondée, dès l’âge du bronze, une petite cité fortifiée étagée autour d’une source abondante, et qui devait ensuite donner naissance à la ville de Hébron -al khalil en arabe - pourrait être un petit paradis. Sans doute l’a-t-elle été aux temps des images « bibliques » - oliviers gris-verts, troupeaux de moutons, paysans aux amples robes, belles cultures irriguées. Là, on fabriquait et cuisait des poteries, en grande quantité et la cendre des fours mêlée à la terre avait rendue celle-ci riche et grise d’où le nom du lieu : Tell rumeida, la colline couleur de cendres. (...)

A Tell rumeïda, dans ce petit espace clos, vivent environ 500 colons, américains surtout, quelques français ; à côté de 700 ? 800 ? palestiniens.

Deux mondes qui se côtoient de loin, se croisent, s’ignorent au mieux, s’affrontent violemment au pire, deux mondes que tout oppose, deux mondes qui se haïssent, l’un des deux ayant pour lui la force des armes et de la loi, l’autre un seul droit, celui de subir et de se taire. Entre une population palestinienne souvent pauvre et les quelques centaines de colons parmi les plus extrémistes que la colonisation israélienne ait jamais produit, l’armée israélienne, omniprésente, est peu encline à protéger le plus faible ; quelques observateurs de la TIPH, ( Temporary International Presence in Hébron, composée de Suédois, de Norvégiens, d’ Italiens, de Suisse et de Turcs ) parcourent, depuis 1997, Tell rumeida et la vieille ville, regardent, écoutent, font des rapports, mais, quelle que soit la gravité des violences commises par les colons envers le palestiniens, y compris sur des enfants ou des femmes, ils n’ont pas le droit d’intervenir. Tout au plus peuvent- ils appeler l’armée. Les volontaires étrangers des Christian peace-makers teams (équipes de chrétiens oeuvrant pour la paix), toujours par deux, sont présents aux cheks-points ; ils accompagnent les enfants palestiniens à l’école, des femmes chez le médecin, discutent avec les commerçants du souk, ....vivent avec les plus pauvres dans la vieille ville entièrement sous contrôle de l’armée, partageant leur quotidien et leurs soucis. La veste grise marquée de leur logo ne les protège pas toujours des attaques des colons ou des tracasseries des militaires. (...)