
L’accident nucléaire de Fukushima a eu lieu il y a cinq ans maintenant, le 11 mars 2011. Celui de Tchernobyl, il y a 30 ans : le 26 avril 1986. Avec quelles conséquences ? Quelles traces en reste-t-il, des années après ? Jusqu’où s’étend la pollution nucléaire ? Nous avons mené des recherches poussées en Russie, en Ukraine et au Japon pour répondre à ces questions et publions aujourd’hui un rapport scientifique [en] qui en compile les résultats.
Et tire la sonnette d’alarme.
Des millions de gens touchés
Les conséquences de Tchernobyl et Fukushima continuent de se faire sentir jour après jour pour des millions de gens. Comme une agression quotidienne. D’après nos recherches, les survivants de Tchernobyl, dont plusieurs centaines de milliers ont été contraints d’abandonner leur logement pour s’établir plus loin, continuent par exemple de manger de la nourriture contaminée dans des proportions largement supérieures aux normes en vigueur. Et 5 millions de personnes environ vivent encore dans des zones contaminées.
Au Japon, ce sont près de 100 000 personnes qui n’ont toujours pas pu rejoindre leur maison – et une bonne partie d’entre elles ne le pourra sans doute jamais, malgré la rhétorique illusoire du gouvernement japonais qui continue de minimiser le problème. Nos recherches montrent par exemple que les forêts qui entourent Fukushima et Tchernobyl forment des sortes de “réservoirs” de radioactivité, générant des risques de santé publique forts pour les communautés qui vivent encore à proximité. (...)
Des gouvernements irresponsables
Mais le plus inquiétant, c’est le fait que les gouvernements en place, qu’il s’agisse de ceux du Japon ou de ceux propres aux pays contaminés par Tchernobyl, sont tous en train de réduire les mesures de radioprotection des populations. (...)
Nous avons par exemple observé des impacts graves sur la santé des individus appartenant aux communautés concernées par les accidents de Tchernobyl et Fukushima. Au sein des zones contaminées, le taux de mortalité est en effet nettement supérieur à la normale, le taux de natalité est quant à lui inférieur. La prévalence du cancer et des maladies mentales en forte hausse. A Fukushima, une expansion du cancer de la thyroïde sévit parmi les enfants. Et un tiers environ des mères vivant à proximité ou dans les zones contaminées montrent des symptômes de dépression.
Sortir enfin de la mythologie nucléaire
Les conséquences du nucléaire sont donc dramatiques pour des millions de personnes. C’est un fait. Le nucléaire est un désastre à long terme. Pas un accident spontané qu’il suffirait de réparer – ou d’oublier. Et les leçons de Tchernobyl et Fukushima doivent être inlassablement répétées pour tordre le cou aux idées reçues qui continuent de circuler en dépit du bon sens : non, le nucléaire n’est pas une énergie sûre. Non, le nucléaire n’est pas une énergie propre.
Le gouvernement japonais a récemment décidé de relancer deux réacteurs nucléaires. Heureusement, la justice vient de s’y opposer (...)
Les leçons en terme de sûreté n’ont pas été tirées
Que ce soit au Japon comme en France, les autorités n’ont pas suffisamment pris en considération le retour d’expérience de ces tragédies, qui aurait dû amener à fermer bon nombre d’installations immédiatement. (...)