
Taxer Internet, rien de moins. C’est l’objectif du projet déposé au parlement hongrois mardi 21 octobre par le gouvernement de Viktor Orban et qui a mobilisé contre lui 10 000 personnes dans les rues de Budapest ce dimanche.
Le projet initial prévoyait de taxer chaque gigaoctet de connexion à hauteur de 150 forints (50 centimes d’euros). Une mesure censée rapporter plusieurs centaines de millions d’euros, nécessaires pour boucler le budget 2015. Mais cette annonce a fait bondir les internautes. (...)
Une taxe au goût de censure
La mesure serait particulièrement contraignante aussi dans son travail : ce jeune expatrié français de 28 ans s’occupe de la gestion des serveurs de sites internet, pour des entreprises françaises.
Elle reflète aussi, pour lui, la volonté de restreindre l’espace de liberté médiatique. C’est d’ailleurs, le mouvement 1 million pour la liberté de la presse, qui avait combattu les projets de restrictions des libertés médiatiques, qui s’est emparé du sujet et mène désormais la contestation sur les réseaux sociaux.
« La mobilisation s’est surtout faite à Budapest, chez les jeunes travailleurs et les étudiants. Ils se rendent mieux compte de ce que représente un gigaoctet et le coût supplémentaire qu’ils auraient à supporter.
Pour les autres, des bannières avec le surcoût pour une connexion d’une heure sur Facebook ont été diffusées. »
Premier rétropédalage du gouvernement
Face aux premiers mouvements de contestation, le gouvernement hongrois a finalement annoncé la mise en place d’un plafond à 700 forints (2,30 euros) par utilisateur et par mois. Un geste insuffisant pour les organisateurs, qui ont réclamé le retrait pur et simple du projet dans une grande manifestation dimanche soir.
« Ils se sont retrouvés vers 18 heures dans les rues de Budapest. Les manifestants ont attendu la nuit pour que les téléphones portables se voient. C’est vraiment très rare qu’il y ait une mobilisation aussi massive contre un projet gouvernemental.
J’ai vraiment été surpris. D’habitude, je vois des rassemblements organisés par le gouvernement, avec des militants qui arrivent dans des bus pour manifester en ville. » (...)
Les opposants veulent continuer de mettre la pression sur les autorités et prévoient de manifester de nouveau mardi soir. Ils espèrent que les premiers pas en arrière du gouvernement se concluront par le retrait définitif de cette taxe.
« Le gouvernement fait souvent des annonces bidon pour détourner l’attention. Au final, je ne suis pas sûr que ça passera. » (...)