« A force de tout voir on finit par tout supporter...
A force de tout supporter on finit par tout tolérer...
A force de tout tolérer on finit par tout accepter...
A force de tout accepter on finit par tout approuver. »
Saint Augustin
Cet été a été pour les Arabes, et plus largement les Musulmans, la somme de toutes les peurs, de toutes les lâchetés, de toutes les compromissions, de toutes les dérives du droit international dont en principe les grandes nations en sont les gardiennes. Le massacre toujours recommencé , mais prévisible dans l’histoire contemporaine des Ghazaouis, le silence assourdissant, voire complice des pays occidentaux, la neutralité immorale comme l’écrivait Foster Dulles, dans un autre contexte, des pays du tiers-monde aux premiers rangs desquels les parvenus que d’aucuns nomment les Brics ont fait que des crimes contre l’humanité ont eu lieu dans des pays en miettes comme la Syrie, l’Irak et la triste Libye où la somalisation est en cours...
Dans cette contribution, je veux pointer du doigt qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Des hommes politiques en Occident se sont élevés contre les indignités, les crimes abjects et l’injustice. Au-delà de la lettre remarquable du fondateur du site Médiapart, Edwy Plenel, à François Hollande pour lui faire toucher du doigt la réalité du drame palestinien, je vais donner la parole à plusieurs hommes d’Etat qui à leur façon ont sauvé l’honneur de la dignité humaine et dénoncé à leur façon les dérives du droit. (...)
– Dominique de Villepin : un héritier de la pensée gaulliste
Devant l’indifférence des hommes politiques français tétanisés par leur peur de déplaire aux réels tenants du pouvoir en France, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, élève la voix face au massacre qui est perpétré à Ghaza. (...)
L’urgence aujourd’hui, c’est d’empêcher que des crimes de guerre soient commis. (..) À défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l’imposer par la mise sous mandat de l’ONU de Ghaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, avec une administration et une force de paix internationales. (...) Nous n’avons pas le droit de nous résigner à la guerre perpétuelle. Une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l’idée même de la justice (....) » (1)
Cette position nette et sans atermoiement ne nous étonne pas. Souvenons-nous aussi que monsieur de Villepin s’était illustré aussi par un discours mémorable aux Nations unies le 14 février 2003 concernant l’aventure américaine en Irak. (...)
– Le discours culte du général de Gaulle
On connait la position sans atermoiement de De Gaulle concernant le Moyen-Orient. Après la débâcle arabe de 1967, De Gaulle, sans épouser les thèses arabes fait part de sa « volonté d’affirmer la présence de la France dans le jeu international » et sa « volonté d’apaisement ». Cette fameuse politique arabe de la France qui eut des continuateurs en la personne de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. : « Le général de Gaulle condamnera l’agression puis l’occupation israélienne des territoires conquis par la guerre. (...)
– L’ambivalence du discours d’Obama
A l’autre bout du curseur, des beaux mots sans épaisseur , c’est aisi que l’on peut qualifier le discours d’Obama qui avait donné tant d’espoir (...)
– Le courageux discours de Arafat l’icône de la liberté
Un autre discours marquant qui donne la dimension du courage dans des situations extrêmes est le discours de Arafat à la tribune des Nations unies en 1988. Ce discours plaidoyer pour la paix des hommes contient en creux, l’espérance du peuple palestinien. (...)
Notre peuple ne revendique aucun droit qui ne soit le sien, qui ne lui soit reconnu par le droit et les lois internationales.(...) Je m’adresse ici tout particulièrement aux Israéliens de toutes les catégories, de tous les courants et de tous les milieux et, avant tout, aux forces de la démocratie et de la paix, et je leur dis : venez ! Loin de la peur et de la menace, réalisons la paix, (...) la paix des braves, loin de l’arrogance de la force et des armes de la destruction, loin de l’occupation, de la tyrannie, de l’humiliation, de la tuerie et de la torture. » (5)
– Les discours de Martin Luther King et de John Fitzgerald Kennedy
Dans le même ordre dans un discours mémorable, Martin Luther King s’était élevé contre l’injustice et l’apartheid. Le discours prononcé le 28 août 1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l’un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle.(...)
Les sacerdoces de Boumediene concernant la dignité humaine
La participation de Boumediene, en avril 1974, à la session spéciale de l’Assemblée générale de l´ONU où il a prononcé un discours mémorable sur le Nouvel ordre économique international est un moment fort. Pour la première fois un pays du tiers-monde lève courageusement la tête. Il mit en garde, en vain, le « Nord » contre les attentes du « Sud ». Dans son fameux discours, il avertissait contre ce que d’aucun appellent l’invasion avec des prophéties auto-réalisatrices : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » (...)
Assurément, à sa façon Saint Augustin avait raison de nous avertir des limites des accommodements qui du compromis peuvent amener la compromission par perte des valeurs de référence. Compromission qui aboutit à la tolérance de la barbarie qui fait que « La communauté internationale accepte que l’on vole la vie à 500 enfants palestiniens dont le seul tort est d’être né du mauvais côté de l’histoire.