
Le traité budgétaire européen, auquel s’opposent le Front de gauche, Europe écologie - Les verts et plusieurs élus socialistes, sera débattu à l’Assemblée nationale début octobre. L’économiste Cédric Durand, opposé au traité, répond ici aux arguments de la secrétaire du PS à l’économie et nouvelle député, Karine Berger, qui défend sa ratification.
Beaucoup a été écrit sur l’absurdité économique et le caractère anti-démocratique du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union économique et monétaire (TSCG). Il ne s’agit donc pas de reprendre ici ces arguments sans appels, mais plutôt de se risquer à une petite opération de contre-feu suite à la tribune en faveur de la ratification du TSCG écrite par Karine Berger dans Le Monde du 20 septembre.
Nouvelle député, secrétaire du PS à l’économie, cette polytechnicienne sur le retour d’un pantouflage dans la société d’assurance Euler Hermès est aujourd’hui pressentie pour être porte-parole dans l’équipe d’Harlem Désir. Clair et bien écrit, son texte est une épure, ce que l’on peut espérer de mieux de la raison sociale-libérale. L’argumentation n’est pas sophistiquée mais élégante. Sobre, elle assène avec aplomb mensonges, fausses évidences et mauvaise foi tout en laissant échapper de jolis aveux. Démonstration. (...)
Karine Berger attaque fort en affirmant que « l’euro n’a pas été inventé pour des raisons économiques. Il a été mis en place pour que des peuples perdent l’habitude de s’entre-tuer ». Qui pourrait croire pareille baliverne ? Du rapport de la European round table qui a conduit à la signature de l’acte unique de 1986 à la construction de l’Union économique et monétaire (UEM) téléguidée par les banques centrales, le pari bien naïf de Jacques Delors était de confier aux intérêts des multinationales et des banques le soin de construire l’Europe. Celles-ci se sont acquittées de la tâche en fonction de leurs intérêts bien compris : les avantages de la concurrence libre et non faussée sur le premier marché du monde et la construction d’une monnaie mondiale permettant des gains financiers conséquents et récurrents sur leurs opérations internationales. L’UEM est avant tout une affaire de gros sous. (...)