
Unités de consultations mobiles, pépinières d’internes, classes préparatoires médicales… Dans cette tribune, le président de l’Intersyndicale nationale des internes, Gaetan Casanova, livre plusieurs propositions pour faire reculer les déserts médicaux.
Après deux ans de pandémie, alors que notre système de santé est au bord du gouffre, aucune leçon n’a été tirée par les candidats à l’élection présidentielle . Sur l’hôpital, la prévention, l’école, la santé mentale ou les déserts médicaux, depuis trente ans tous les signaux d’alarme ont été ignorés. La France entière manque de médecins par la faute du numerus clausus, et la situation s’aggravera au moins jusqu’en 2030. Il y a urgence à mettre en place les mesures innovantes et efficaces qui permettront d’améliorer durablement l’accès aux soins. Mobilisés chaque jour auprès des patients, nous nous sommes saisis du sujet et proposons nos solutions*. (...)
Comme tous les Français, nous aspirons à vivre auprès de nos proches. Le profil des étudiants en médecine n’est plus représentatif de la population et des territoires : le nombre de boursiers est trop faible, la ville trop représentée. Favoriser l’accès aux études de médecine des jeunes issus des territoires ruraux et des quartiers difficiles est un impératif de justice sociale et d’efficacité puisque, une fois diplômés, beaucoup reviennent s’installer chez eux. Pour y parvenir, nous proposons l’ouverture de classes préparatoires médicales dans les lycées des zones sous-denses. (...)
Nous proposons la création de pépinières d’internes pour inciter les jeunes médecins à s’installer dans les territoires sous-dotés. Nous voulons réunir en un endroit unique le lieu de vie, de formation et de travail des internes en l’intégrant pleinement à la vie des territoires. (...)
Pour les territoires les plus isolés, nous proposons la création d’unités de consultation mobiles : des véhicules équipés d’appareils d’imagerie et de laboratoires permettant la réalisation d’examens courants sous la responsabilité d’un binôme médecin-infirmier. L’équipe mobile pourra faire appel à la télé-expertise en contactant des spécialistes d’astreinte dédiés, du cardiologue à l’orthopédiste. Alors qu’en Australie le Royal Flying Doctor Service intervient par les airs, la France doit arriver à relever ce défi industriel, technologique et humain.
Repenser la santé et lutter contre les déserts médicaux, c’est enfin redéfinir nos relations avec les autres professions du service à la personne : des infirmiers aux pharmaciens, des kinésithérapeutes aux travailleurs sociaux. Sans dogmatisme, nous devons tracer nos nouvelles compétences, parfois en transférer, avec toujours un objectif : permettre à chaque soignant de donner le meilleur de lui-même pour chaque patient. (...)