
Depuis le début du mois d’octobre, des sites nucléaires français ont été survolés par un ou plusieurs drones. Greenpeace a eu connaissance de ces survols au moment où l’information a été rendue publique dans certains médias locaux proches des centrales EDF concernées ou sur les sites internet de ces centrales. Greenpeace a alors enquêté, afin d’allonger la liste, en particulier au niveau des sites appartenant au CEA ou Areva.
Nous avons tenu à démentir, rapidement, toute implication.
Parce que pour chacune de nos actions, nous agissons à visage découvert et revendiquons nos actes.
Néanmoins, nous ne pouvons rester silencieux face à cette affaire. Car si Ségolène Royal déclare qu’elle “ne laissera quiconque porter atteinte à la réputation de sûreté de nos centrales nucléaires“, la ministre doit saisir qu’ici, ce n’est pas la réputation de nos centrales qui nous inquiète, mais bel et bien leur sécurité, et celle des citoyens.
Car si l’on ne sait pas qui est à l’origine de ces vols et quelle est la nature exacte des drones, comment déclarer qu’il n’y a pas de danger ? (...)
Aujourd’hui, nous sommes très inquiets de la survenue et de la répétition de ces survols suspects sans qu’aucune réponse sur leur origine ne soit fournie ni par EDF ni par les forces de l’ordre. Car les sites nucléaires sont vulnérables, tout particulièrement par les voies aériennes. En effet, un drone de taille moyenne peut porter une charge suffisante pour endommager – entre autre – le bâtiment de la piscine de désactivation des combustibles irradiés. (...)
Dans un rapport publié en 2012, l’expert international sur la sécurité nucléaire John Large analyse en une cinquantaine de pages la sûreté des installations du parc nucléaire français vis-à-vis du risque de chute d’avion.
Le rapport fait état de l’absence de prise en compte du risque d’accident d’avion de ligne sur une centrale mais aussi à ses abords : si le dôme au-dessus du réacteur protège le réacteur en lui-même, les installations annexes ne bénéficient pas du même degré de protection.
Ainsi, une chute aérienne pourrait couper la centrale des sources d’approvisionnement électrique situées à l’extérieur du site et, simultanément, empêcher les groupes électrogènes de secours sur le site de fonctionner. Dans une telle situation, la centrale devrait faire face à une coupure de courant prolongée, et le refroidissement du réacteur et des piscines de désactivation ne serait plus assuré.
Les piscines sont elles encore plus vulnérables : leurs enceintes ne sont pas renforcées comme le sont celles des réacteurs. (...)
Greenpeace demande une enquête transparente et approfondie pour identifier au plus vite les auteurs de ces opérations qui menacent la sécurité des installations nucléaires. Et des mesures concrètes à même de démontrer que la sécurité des citoyens français est assurée de manière intangible : les piscines d’entreposage des réacteurs doivent être vidées, et les contre-mesures qui s’imposent doivent être prises face à ces survols. (...)