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Alternatives Economiques
Sur les dettes publiques en France et en Europe
Jean Gadrey, 67 ans, est Professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1.
Article mis en ligne le 15 décembre 2010
dernière modification le 13 décembre 2010

La dette devient un mécanisme potentiellement destructeur d’économie et de société lorsqu’elle passe par les marchés financiers, ce qui s’est produit depuis les années 1980.

D’abord, les marchés financiers, qu’est-ce que c’est ? On nous les présente comme des entités abstraites fétichisées ou comme des phénomènes climatiques auxquels il faudrait s’adapter (Alain Minc). Plus prosaïquement, ces marchés sont faits, du côté des prêteurs, d’acteurs bien précis, à savoir principalement des grandes banques, des sociétés d’assurance, des fonds de pension et des fonds de placements spéculatifs, les « hedge funds ». Ils peuvent être nationaux ou étrangers. Pour la France comme pour la zone euro, ils sont aux deux tiers étrangers.

(...) Le mécanisme infernal de la dette, tel qu’il fonctionne depuis les années 1980, peut se résumer très simplement selon une séquence en quatre temps :

 1) les gouvernements renoncent délibérément à lever des impôts pour financer les dépenses (...)

 2) Ces mêmes gouvernements, qui ont privatisé et dérégulé la finance, empruntent alors aux marchés financiers, C’EST-A-DIRE EN GROS A CEUX QU’ILS ONT RENONCE A TAXER, (...)

 3) Le « service » des intérêts opère ensuite un transfert de richesse au bénéfice des détenteurs des titres de la dette, LES MEMES QUE PRECEDEMMENT (...)

 4) Et pour couronner le tout, ces marchés et investisseurs de plus en plus puissants, parce qu’on leur a offert le pouvoir sur un plateau, imposent aux États endettés de nouvelles coupes budgétaires, des réformes des retraites et des mesures de gels de salaires. En deux mots : l’austérité (...)

C’est donc le choix politique

 1) de ne pas couvrir suffisamment les dépenses par des recettes pour favoriser les hauts revenus et

 2) de mettre l’État sous la coupe de la finance privée internationale et de la logique des actionnaires et des spéculateurs

qui a créé de toutes pièces la dette accumulée, qui devient aujourd’hui un instrument de coercition contre les peuples. (...)

Il suffirait en France d’annuler les baisses d’impôts et les niches créées depuis 2000 pour retrouver des niveaux de dettes sans risque et des moyens d’action additionnels, sans même parler de l’effet positif qu’aurait la suppression mondiale des paradis fiscaux dont on estime qu’ils coûtent entre 30 et 40 milliards d’euros par an aux finances publiques françaises. (...)

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