
Quand on se bat pour la justice au Proche-Orient, on se trouve souvent confronté à une posture qui prétend revendiquer la neutralité, l’impartialité, voire un activisme pacifique à travers des actes ou des discours qui traitent de la même manière "les 2 côtés". Il est très confortable de se réfugier dans le paradigme d’une pseudo-justice qui aurait pour principe d’appliquer la même attitude à l’égard d’"Israël" qu’à l’égard de "la Palestine". A 2 camps, 2 pays, 2 peuples, traitement égal.
Il en est ainsi des artistes qui disent vouloir se produire en Israël, mais aussi "de l’autre côté" (sous-entendu « du Mur ») ; des politiques qui serrent la main des leaders israéliens, mais aussi des leaders palestiniens ; des institutions qui collaborent avec des organismes israéliens, mais aussi palestiniens ; des collectivités qui font de la coopération décentralisée avec des villes israéliennes, mais aussi palestiniennes ; des déclarations qui incriminent Israël mais aussi la Palestine ; etc.
Pourtant, égalité n’est pas équité. L’égalité consiste à traiter 2 personnes exactement de la même manière. L’équité consiste à prendre en compte le contexte pour traiter les 2 personnes de façon à les rendre plus égales, dans un souci de justice. C’est pour cela, par exemple, que nous ne payons pas tous les mêmes impôts. (...)
Ce paradigme "équilibriste", ou « équilibriciste » est non seulement faux, mais fondamentalement injuste. Il repose sur une vulgaire analogie d’avec les deux camps symétriques de la guerre froide, sur une paresse intellectuelle refusant la complexité des choses, sur un déni inconscient de l’injustice profonde de la situation, ou sur cette vision un peu niaise d’un conflit lointain. Il est injuste à plusieurs titres :
D’abord, les 2 parties ne se valent pas : Israël est un Etat reconnu par les institutions et les traités commerciaux, avec une armée puissante qui est au cœur de sa politique ; la Palestine n’est qu’un Etat en devenir, sous occupation et désarmé. Israël est un territoire uni et en expansion par la colonisation ; la Palestine est un territoire scindé et de plus en plus morcelé, qui n’a même pas le contrôle de ses frontières.
Par ailleurs, le discours sur "les 2 côtés" donne la dangereuse illusion d’un statu quo à partir d’une frontière fixe.
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