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le lanceur d’alertes
“Sur l’A7, il est fréquent de croiser des convois de matières radioactives”
Article mis en ligne le 2 juin 2017
dernière modification le 29 mai 2017

Le Lanceur révélait récemment que 19.000 convois radioactifs sillonnaient les routes et voies ferrées de France chaque année, sans que la population en soit prévenue. Le directeur du laboratoire de la Criirad, observatoire indépendant basé à Valence, Bruno Chareyron, regrette qu’en dépit des nombreuses alertes la législation ni les pratiques n’évoluent. Il rappelle le danger qu’engendrent ces allers-retours incessants de matières radioactives. Et déplore l’absence d’information des populations sur ce risque.

(...) Nous avions interpellé la SCNF, les ministères compétents et les autorités européennes, en vain. Nous avons renouvelé régulièrement les campagnes de sensibilisation, par exemple en 2012 en interpellant le ministre de la Santé, et encore récemment avec la publication de notre étude préliminaire sur les transports de matières radioactives en Rhône-Alpes effectuée avec le soutien de la région. Les résultats ont été présentés en réunion des CLI des sites nucléaires de Cruas, Tricastin et Romans sur Isère et à un séminaire sur les transports de substances radioactives en mars 2016 à Paris.

Un trafic particulièrement important dans l’extrême nord-ouest de la France et en vallée du Rhône du fait de la densité d’installations. Dans ces régions comme en Ile-de-France, les convois empruntent des voies de chemins de fer et des routes fréquentées par la population…
Tout à fait. Nous avons constaté, par exemple, le stationnement de wagons irradiants en gare de Valence (Drôme). Pour le volet routier, il est fréquent lorsque l’on circule sur l’autoroute A7 de doubler ou de croiser un véhicule qui transporte des matières radioactives (une fois sur deux ou trois si je me base sur mes observations). Nous avons témoigné de cette situation en 2007 dans le reportage de vos confrères de France 3, avec des images tournées sur un parking de l’autoroute A7.
L’expérience la plus choquante pour moi fut en 2006 lorsque je me suis garé de nuit sur un parking poids lourds/caravanes de l’autoroute A31. J’ai mesuré dans mon véhicule un niveau de radiation 400 fois supérieur à la normale. (...)

C’est inacceptable. Pour la Criirad, et puisqu’on ne parvient pas à faire changer la réglementation sur le transport des matières radioactives, il faut au moins sensibiliser le public et rappeler que, lorsqu’un véhicule porte le symbole de la radioactivité, il est susceptible d’émettre des radiations à plusieurs mètres de distance. Il faut éviter de s’en approcher et limiter le temps de présence. Les radiations gamma sont très pénétrantes. Elles traversent le métal et le verre et peuvent nous irradier même lorsque nous sommes en voiture, comme nous le montrons dans cette video tournée sur l’autoroute A9. (...)

Quels risques engendrent ces convois pour la population, alors même que certains emballages présentent des défaillances selon des documents internes de l’ASN ?
La réglementation internationale sur le transport des matières radioactives autorise des niveaux de radiation très importants à proximité des véhicules de transport de matières radioactives, en contradiction avec les réglementations visant à protéger les citoyens contre les risques liés aux radiations ionisantes. En effet, la dose maximale annuelle admissible pour le public est de 1 millisievert par an. Cette valeur marque la frontière au-delà de laquelle les risques sanitaires sont jugés socialement inacceptables (par les “experts” de la Commission internationale de protection radiologique). Or le débit de dose au contact d’un véhicule de transport peut atteindre 2 millisieverts par heure (soit 20.000 fois plus que la radioactivité naturelle), ce qui veut dire que l’on risque de dépasser la limite annuelle en trente minutes de présence. (...)