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France24
Soudan : des milliers de manifestants en colère au deuxième anniversaire de la révolte
Article mis en ligne le 20 décembre 2020

Deux ans après le début de la révolte qui a conduit à la chute d’Omar el-Béchir, des milliers de manifestants ont défilé, samedi 19 décembre, dans plusieurs villes du Soudan, frustrés par l’absence de changement dans leur vie quotidienne.

Après après avoir brûlé des pneus provoquant des volutes de fumée noire à El Sahafa, un quartier du sud de la capitale Khartoum, des manifestants se sont dirigés vers le palais présidentiel en scandant "Justice, Justice", et "Taskout Bass" ("La chute, point final"), alors que d’autres arboraient le drapeau soudanais ou des photos de "martyrs" tués durant les manifestations de 2019.

Ils reprenaient les mots d’ordre de la révolution et certains scandaient "le peuple veut la chute du régime", un cri présent dans les manifestations durant le Printemps arabe. Les manifestants étaient plusieurs milliers dans le pays, selon des estimations de journalistes et correspondants de l’AFP.

Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais avaient commencé à manifester dans plusieurs villes du pays après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain en pleine crise économique. Ce mouvement s’est transformé en une révolte qui a abouti le 11 avril 2019 à la destitution par l’armée du président Omar el-Béchir, après 30 ans de pouvoir sans partage. (...)

Une crise socio-économique persistante et une attente de justice

Depuis la conclusion en août dernier d’un accord entre les militaires qui avaient succédé à Omar el-Béchir et les dirigeants de la contestation, le pays est dirigé par un gouvernement de transition, avec un Premier ministre civil et un Conseil de souveraineté composé de civils et de militaires.

En dépit de l’annonce récente par les États-Unis du retrait officiel du Soudan de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme, la crise socio-économique persiste, accentuée par l’épidémie de Covid-19, une inflation galopante et une dette colossale, équivalente à 201 % du Produit intérieur brut (PIB).

Autre motif d’insatisfaction des manifestants, les responsables de la répression durant la révolution n’ont toujours pas été traduits en justice.

Le procureur général a interdit aux forces de sécurité de tirer et d’utiliser des grenades lacrymogènes durant les manifestations. Cependant, en soirée, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la centaine de manifestants devant le palais présidentiel, a constaté un journaliste de l’AFP. (...)

Le Soudan "est à un moment critique", selon l’ONU

Pour Nada Nasereldine, une manifestante de 21 ans, "c’est un message très clair adressé aujourd’hui au gouvernement civil et militaire. Nous possédons le pouvoir de la rue, c’est notre arme et nous l’utiliserons si nos demandes ne sont pas satisfaites", a-t-elle dit à l’AFP. (...)

Les relations entre militaires et civils dont des représentants forment un gouvernement de transition se sont dégradées au fil des mois, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale et des experts.

Le Premier ministre a renouvelé ses critiques acerbes envers l’armée et les services de sécurité, jugeant "inacceptable" leur poids dans l’économie, ceux-ci contrôlant environ 250 sociétés dans des secteurs vitaux. (...)