
L’évasion fiscale des entreprises exacerbe la pauvreté et les inégalités. Elle siphonne des milliards des budgets nationaux à travers le monde, contribuant ainsi à creuser le fossé grandissant entre les riches et les pauvres. Mais ce sont les populations des pays les plus pauvres qui en souffrent le plus. Dans ces pays, ces fonds sont nécessaires pour financer des services comme l’éducation et la santé, des services qui jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté.
Pire, à travers le monde, les gouvernements laissent des multinationales tentaculaires s’en sortir sans payer leur part.
Apple et Amazon ne sont que deux des multinationales qui ont défrayé la chronique pour n’avoir pas payé leur juste part d’impôt. Elles faussent les règles internationales pour minorer leur facture fiscale et volent des milliards de dollars aux pays.
De Londres à Lima, de Bruxelles à Bamako, l’évasion fiscale de multinationales qui génèrent des bénéfices colossaux nous touchent toutes et tous. Elles privent nos pays des fonds nécessaires pour construire des routes, des écoles et des hôpitaux. Mais l’évasion fiscale des entreprises nuit surtout aux populations des pays pauvres.
En 2011, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée – les trois pays les plus gravement touchés par le virus Ebola – ont perdu 287,6 millions de dollars du fait de l’évasion fiscale des entreprises, alors que leurs dépenses de santé n’ont pas dépassé 237 millions1. Aujourd’hui, ces fonds auraient pu sauver des vies dans la lutte contre Ebola. À un horizon plus lointain, ils auraient également pu donner aux populations une vraie chance de sortir de la pauvreté.
Plus qu’une ou deux brebis galeuses
Ces scandales qui défraient la chronique ne sont que la partie visible de l’iceberg. Il ne s’agit pas simplement de quelques brebis galeuses qui profitent d’une faille. Tout le système fiscal international est conçu de manière à profiter aux multinationales et aux pays riches. Les entreprises peuvent dès lors dicter des règles fiscales qui servent leurs propres intérêts.
Quelle injustice, n’est-ce pas ? Alors pourquoi nos gouvernements laissent-ils les multinationales s’en sortir si bien ?
Des règles internationales faussées
À l’heure actuelle, une poignée de pays riches réécrivent les règles internationales relatives à l’impôt des sociétés. Mais ils créent des règles qui servent leurs propres intérêts et ceux des multinationales, et non les besoins et les droits des plus pauvres.
Pire, les pays pauvres, dont les populations souffrent le plus de l’évasion fiscale des entreprises, ne sont même pas associés à ces discussions.
Le Luxembourg, un paradis fiscal, participe aux négociations sur la réforme du système fiscal international, mais pas la Sierra Leone, qui est en proie à une épidémie d’Ebola et où l’évasion fiscale des entreprises siphonne les caisses de l’État. Ce n’est pas juste.
Il n’est pas trop tard pour changer les choses (...)