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Sommet de l’UE : l’Allemagne n’a pas payé !
Article mis en ligne le 13 février 2013

Comme prévu (cf. « L’Allemagne ne paiera pas … »), lors du sommet de ce 8 février sur le budget 2014-2020 de l’UE, Merkel, avec l’appui de Cameron, a imposé l’austérité budgétaire dans toute l’UE : le budget est réduit à 908 mds (en crédits de paiement), soit en baisse de 3,7 % par rapport au précédent, 2007-2013. Hollande peut bien faire valoir que c’est un « bon compromis », acceptable principalement parce qu’il préserve la PAC, les « keynésiens » ont perdu. On peut être atterrés du choix européen de généraliser l’austérité, mais les lois du capitalisme ne laissaient pas d’autre issue. En UE, la stimulation de la croissance n’est pas praticable, ni par la relance ni par la politique industrielle, telle du type Lisbonne 2000.

L’alliance objective GB-Allemagne repose sur la dynamique actuelle du capitalisme « européen » en crise.

(...)L’Allemagne est donc à l’aise avec un euro fort, qui lui permet de plus d’acheter pas cher hors zone (énergie, etc.), et elle a intérêt à l’austérité salariale pour contrer une éventuelle inflation. Par contre, quand la « richesse » d’une économie, telle celle de la Grande-Bretagne, repose sur la finance, via commissions, plus-values, etc., toute livre économisée est une livre gagnée, car la dépense en services est pure dépense, destructrice de vraie richesse. Les images télé de l’après-sommet étaient celles d’un Cameron rayonnant : le Premier britannique avait obtenu ce qu’il voulait, une réduction du budget et la reconduction du rabais jadis obtenu par Thatcher (remember son célèbre « I want my money back »).

L’Allemagne n’a aucune raison d’accepter de payer pour les autres, sa seule contrainte étant que sa rigueur ne fasse pas imploser l’euro. La limite est donc l’acceptation par les peuples des sacrifices demandés et la capacité des gouvernants de se découpler des dits peuples pour faire valoir leur propre intérêt d’élites euro-bureaucratiques. Dans tous les domaines, le plus fort joue la concurrence, tandis que le faible est mieux dans la régulation, mais il a rarement le loisir d’en décider. (...)

L’austérité est donc prise entre l’impératif de rigueur et celui de la cohésion sociale. L’Allemagne a confirmé lors du dernier sommet sa volonté de rester sur le fil de l’austérité, du moins pour l’instant, en lâchant le minimum sur la solidarité (la PAC, par exemple), comme lors du sommet du 26 novembre. Au Bundestag, l’opposition a manifesté son désaccord sur ce choix, le FMI lui-même a dit le sien, et cela a donné à ceux qui voulaient y croire l’espoir d’un changement de cap, mais Schaeuble avait bien précisé, dès janvier, après avoir rencontré le chef de l’opposition grecque, que la Grèce n’a pas d’alternative à l’austérité.

Il reste une inconnue, la détermination du parlement européen, qui a bien fait savoir qu’il n’accepterait pas le budget « en l’état ». Cette rébellion contre la dépossession des ses prérogatives démocratiques par la bureaucratie européiste sera-t-elle plus qu’un simple mouvement d’humeur ? (...)