
Extrait du fort recommandable livre de Rokhaya Diallo, Racisme mode d’emploi, récemment paru aux Éditions Hachette, ce texte rappelle comment le racisme affecte le corps même des personnes racisées, qu’elles soient noires, arabes, juives ou « asiatiques » – et plus particulièrement – faut-il s’en étonner ? – le corps des femmes.
Les images diffusées par les médias imposent à toutes les personnes qu’elles touchent de se conformer à leur norme. À travers la diffusion de ces standards, la conviction est inculquée à tou-te-s que la norme est blanche. Les minorités admettent qu’elles doivent tout faire pour s’y conformer ou au moins s’en rapprocher, en camouflant le mieux possible les caractéristiques spécifiques à leur ethnicité, ce qui aboutit en quelque sorte à gommer leurs caractères « ethno-raciaux ». Je vous laisse imaginer les efforts surhumains que nécessite la conformation à ce modèle lorsqu’on a la peau sombre, les yeux bridés ou les cheveux tire-bouchonnants(...)
De plus en plus d’hommes optent désormais pour l’abolition pure et simple du cheveu : plus de trace de frisure, le crâne est net. La mode des coiffures afro qui a fait son apparition dans les années 1970 aux États-Unis sous l’impulsion du mouvement Black Power, en réaction à l’uniformisation capillaire symbolique de l’oppression des Noirs, n’a pas fait long feu.(...)
Dans la vie normale, on ne peut décemment être une avocate ou un médecin digne de ce nom et porter des cheveux crépus. Essayez de gravir les échelons d’une grande entreprise avec une tignasse crépue, on vous fera vite comprendre qu’on n’est pas chez les sauvages ici, non mais !(...)
Ce renversement du naturel fait passer les personnes qui ne choisissent pas de lisser leurs cheveux au mieux pour des artistes inspirés ou des militants, au pire pour des personnes sans éducation ou des pauvres. (...) Wikio