
Dans "Silence sous la blouse", qui paraît aujourd’hui chez Fayard, la journaliste Cécile Andrejzewski décrit un système dans lequel tout à l’hôpital, la culture comme l’organisation, concourent à entretenir "l’omerta" sur les violences sexuelles. Interview.
Votre livre s’articule autour d’une dizaine de témoignages de soignantes ayant subi des violences sexuelles à l’hôpital. Vous écrivez que la structure hospitalière favorise ces actes. Pourquoi ?
Il y a plusieurs éléments d’explication. Même si l’hôpital est un lieu majoritairement féminin aujourd’hui, les postes de pouvoir, qu’ils soient médicaux ou administratifs, restent occupés par des hommes. Il existe donc un rapport de force asymétrique entre une majorité de "travailleuses" et une minorité de chefs de sexe masculin. (...)
Présentation sur le site de l’éditeur :
Culture du secret, fonctionnement en vase clos, organisation confuse, justice de pairs, culte du chef, cette enquête sur les violences sexuelles à l’hôpital plonge les novices dans le système peu connu mais ravageur de l’hôpital public. Bien loin du simple fait divers, ces affaires constituent le fruit pourri d’un appareil qui permet et perpétue l’impunité des blouses blanches.
Dans un grand hôpital, Justine, infirmière, est soulevée du sol par un chirurgien qui l’embrasse de force. Ailleurs, Jessica et d’autres soignantes se plaignent d’avoir dû étaler de la crème sur le corps et les fesses d’un anesthésiste.
À l’autre bout de l’Hexagone, L. et ses collègues sont menacées à coups de pieds dans le bloc. Ailleurs encore, Laurie, technicienne de labo, subit fessées et caresses de la part de son chef biologiste.
Toutes ces employées ont en commun d’avoir été agressées et d’avoir tenté d’alerter. Ceux qui leur font face, supérieurs ou collègues, partagent la même impunité : ils ont été couverts par leurs confrères et leur hiérarchie.
Le chirurgien qui faisait régner la terreur à coup de pieds à gravi les échelons pendant quinze ans, malgré leurs alertes. Jessica et les autres aides-soignantes ont carrément entendu : « S’il part, la maternité devra fermer. » Et ainsi de
suite.
Culture du secret, justice de pairs, culte du chef, Cécile Andrzejewski a recueilli partout en France des témoignages de victimes. Elle y a déniché des faits jamais révélés, recueilli des histoires inédites puisque méticuleusement étouffées. À
l’heure du bouleversement MeToo, l’auteure nous entraîne au coeur d’un des systèmes les plus labyrinthiques, où règne l’impunité des blouses blanches.