
Ailleurs qu’à Athènes, les parcs et les jardins publics peuvent parfois favoriser la sieste... citoyenne, comme cette semaine, près de la forteresse à Trikala, dans la région de Thessalie. La Grèce peut alors s’assoupir, la “grève” des enseignants a tourné au fiasco, sauf que le gouvernement a déjà saisi l’occasion pour froisser la “Constitution” et pour en finir avec le droit de grève par la même occasion, le pire est toujours à craindre. Les syndicats enseignants quant à eux, après avoir tergiversé durant une petite semaine, se sont rendus à l’évidence : se mettre en grève en période d’examen pour les élèves, alors qu’on a déjà vu passer trois phases du mémorandum sans réellement réagir, c’est d’abord triste et surtout, cela prouverait la fin du syndicalisme institutionnalisé, issu du siècle précédent. Fin des classes.
(...) “Solidarité avec la lutte des enseignants”, pouvait-on lire encore hier sur une banderole déployée devant la statue du dieu Asclépios, visiblement dépourvu de tout pouvoir guérisseur. Il aurait été également et dans l’épopée homérique un héros thessalien mais plus personne n’y prête attention, et comme pour la banderole. En ce moment, la Grèce se démobilise et avec... l’aimable participation des pratiques issues du vieux cadre hérité des temps d’avant. Comme cette messe par exemple, organisée par l’office liturgique de l’archevêché de la ville, “en soutien aux lycéens qui en ce moment, subissent les examens d’entrée à l’Université”. (...)
Fatalement, de nombreux stéréotypes tombent avec la crise. Suite à ses usures et par ses usages, c’est le temps nouveau qui s’impose, tel un implacable magicien. Ce n’est guère le Grand Soir, mais certainement, la grande mutation, car certes, tout devient alors possible... sauf que c’est dans l’inimaginable. (...)
Près de quarante ans de consumérisme effréné, puis la crise, ont rendu notre pays si dérisoire, que la dérision s’est tue. Et si les gens rigolent parfois dans nos cafés, ce serait par une forme mimétisme, ou par un jeu de miroir. Oui, ces cafés de la ville, qui à leur tour, ne sont plus aussi fréquentés qu’avant, autant que les panneaux publicitaires ne signifient enfin plus rien aux passants qui ne lèvent plus leurs yeux et pour cause. Au moins, et la c’est positif pour une fois, les trikaliotes, déjà grands pratiquants du vélo, en rajoutent dans cette pratique et c’est pour cause de crise. (...)
L’ami Lakis, originaire du Nord de la Grèce, a démissionné il y a dix mois de son poste de cadre dirigeant au sein d’une grande entreprise à Athènes, pour s’installer près du domaine familial à Kavala. Il a aussitôt retrouvé du travail digne de son rang comme il dit, sauf que son épouse est depuis au chômage. “Ce n’est pas grave, elle s’occupe de la petite et du potager, car désormais, nous avons aussi un potager, nous n’aurons pas faim au moins lors de l’effondrement final tandis qu’à Athènes... je crains le pire”, estime Lakis. (...)
La véritable grande nouvelle du jour ne passe d’ailleurs pas à la télévision. “La Grèce fait son entrée dans une sorte de “Zone Asie”, pour ce qui est du marché du travail déjà. Loin des projecteurs, la visite de cinq jours à Athènes, d’une nombreuse délégation composée de spécialistes et de technocrates issus de la Banque mondiale (World Bank) passe inaperçue. Pourtant, le principal objectif, est l’encadrement du processus et des mutations, quant aux relations au travail en Grèce, le tout, dans un marché qui prend inexorablement la voie de la Chine. En effet, les technocrates de la Banque mondiale (et qui arrivent en Grèce, en partenaires à la gouvernance économique imposée au pays par le FMI, l’UE et la BCE), sont déjà sur place depuis lundi, et ils achèveront leurs contacts demain matin, lors d’une réunion, en présence du ministre du Travail et de la Sécurité sociale.
D’après nos sources, ils apportent leur savoir-faire, ainsi que leur expertise, aux ministères, aux autorités et organismes locaux, ainsi qu’à certaines ONG installées en Grèce. Il s’agit notamment de superviser la création des zones économiques spéciales et à travers un processus, dont les principes et les réalisations du dit “premier monde” seront défaits, au profit d’une territorialisation, induirait une autre fiscalité ainsi qu’un autre droit du travail, à l’image de ce qui se passe en Asie du Sud-est par exemple. (...)